La crise financière actuelle aura des conséquences sur le monde aussi vaste que la chute du Mur de Berlin et du communisme en 1989, a estimé le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, dans une interview dimanche.
"Je suis absolument convaincu que la crise financière changera le monde aussi profondément que la chute du Mur", a-t-il dit au journal Bild am Sonntag. "L'équilibre entre l'Amérique, l'Asie et l'Europe se modifie considérablement. Et cette évolution est loin d'être terminée. L'économie redémarre tout juste", a-t-il ajouté.
C'est pourquoi il a appelé les banques allemandes à recourir aux aides mises en place par l'Etat via le fonds de sauvetage des banques, pour renforcer leurs capitaux propres et pouvoir offrir ainsi davantage de crédits aux entreprises. "Je ne peux qu'appeler les instituts (bancaires) à accepter les aides du fonds de sauvetage pour les banques", a dit M. Schäuble.
Interrogé sur l'avenir du constructeur automobile Opel, suspendu au bon vouloir de son propriétaire américain General Motors, M. Schäuble a appelé GM à "apporter de la clarté" sur le plan de restructuration.
"On entend ces jours-ci de Detroit (siège de General Motors) que GM n'a pas besoin d'argent public pour Opel. Je ne peux que dire: tant mieux!", a dit M. Schäuble.
Mais "beaucoup de questions restent en suspens", a-t-il dit, en soulignant la "grande responsabilité de GM pour les salariés d'Opel, les régions concernées et le pays entier". Et d'ajouter: "Les entreprises ne sont pas le lieu pour optimiser à court terme au maximum les bénéfices".
Les quatre usines d'Opel en Allemagne emploient 25.000 personnes, soit environ la moitié des effectifs de GM Europe.
Le commissaire européen à l'Industrie Günter Verheugen reçoit lundi à Bruxelles les ministres de l'Economie européens et des représentants de GM pour parler d'Opel, que GM a finalement décidé de conserver dans son giron, au lieu de le vendre au groupe Magna.
Le constructeur américain mise sur le soutien financier des gouvernements concernés pour restructurer Opel/Vauxhall selon un plan qu'il chiffre à 3,3 milliards d'euros, prévoyant de supprimer quelque 10.000 emplois.