Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a appelé mardi l'Union européenne (UE) à agir pour éviter de se retrouver en "2e division", derrière les Etats-Unis et l'Asie, qui semblent sortir plus rapidement de la crise économique.
"Le risque pour les économies européennes, c'est qu'elles soient en deuxième division, et non pas en première, avec les Etats-Unis et l'Asie", a déclaré M. Strauss-Kahn à Bucarest, en s'adressant à des étudiants en économie.
"Il y a une probabilité que si les Européens n'agissent pas rapidement, d'ici 10 ou 20 ans la bataille se jouera entre les Etats-Unis et l'Asie, tandis que l'Europe sera laissée de côté", a-t-il renchéri.
Dans un discours prononcé peu après devant les deux chambres du Parlement roumain, le patron du FMI a insisté sur "le risque de voir l'Europe marginalisée dans les 20 prochaines années".
Selon lui, pour éviter cela, il faut "renforcer les institutions de l'Union, retourner à l'innovation, à la compétitivité et, enfin, retourner à la croissance, ce qui n'est pas exactement ce qu'on voit à la suite de la crise".
Insistant sur l'importance d'une réflexion sur l'"architecture financière" de l'UE, M. Strauss-Kahn a estimé que l'UE a besoin d'outils pour "gérer et résoudre une crise".
"Au niveau européen, il n'est pas suffisant d'avoir régulation et supervision, il faut une autorité européenne de résolution".
Le chef du FMI, qui effectue une visite d'une journée en Roumanie, au lendemain d'un séjour en Pologne, a également souhaité "davantage de coordination" en Europe, notamment au vu des déboires financiers de la Grèce.
"La crise montre que nous ne pouvons pas avoir une monnaie unique sans avoir des politiques économiques mieux coordonnées", a souligné M. Strauss-Kahn.
Il a par ailleurs estimé que le gouvernement roumain pouvait être "confiant", car après la contraction du PIB de 7,1% de 2009, l'économie devrait renouer avec la croissance cette année.
Selon lui toutefois, le chômage continuera à progresser dans les mois qui viennent, alors qu'il touchait déjà 8,3% de la population active en février.
Durement frappée par la récession, la Roumanie avait obtenu en mars 2009 un prêt global de 20 milliards d'euros du FMI et de l'Union européenne, dont elle a jusqu'ici tiré 9,2 milliards.
En échange de cette aide, Bucarest s'est engagé à réduire le déficit budgétaire, en réformant les systèmes des retraites et des salaires dans le secteur public ainsi qu'en supprimant des postes dans la fonction publique.