Le Comité de politique monétaire de la Banque d'Angleterre (BoE) a quelque peu brouillé les pistes sur le calendrier de hausse des taux, les minutes de sa dernière réunion montrant que si deux membres sont toujours favorables à un resserrement immédiat, les sept autres montrent désormais un large éventail d'opinions.
Lors de la réunion des 5 et 6 novembre, Ian McCafferty et Martin Weale ont ainsi maintenu la position haussière qu'ils ont adoptée depuis début août, en appelant à une hausse de 25 points de base du taux, selon les minutes des discussions publiées mercredi.
Les sept autres membres du Comité de politique monétaire (CPM) s'étaient eux accordés sur le maintien du taux à 0,50%, niveau exceptionnellement bas auquel il est figé depuis mars 2009.
Le maintien du montant total du programme de rachats d'actifs de la BoE, dit d'"assouplissement quantitatif", à 375 milliards de livres (469 milliards d'euros) a par ailleurs été voté à l'unanimité.
Si la répartition des votes a été conforme aux attentes des observateurs, les minutes ont montré que les opinions sur les perspectives économiques du Royaume-Uni étaient "considérablement étendues" au sein du groupe des sept membres ayant opté pour un nouveau statu quo monétaire.
Ainsi pour Ross Walker, économiste chez RBS, cette remarque implique que "la majorité ne fait pas cohésion autour d'une même position prudente".
En effet, certains membres, qui ne sont traditionnellement pas nommés dans les minutes ailleurs que pour le résultat du vote, se sont montrés très prudents, en estimant qu'il y a "un risque de voir la croissance s'essouffler encore plus qu'anticipé, et l'inflation rester obstinément sous l'objectif (de 2%) plus longtemps qu'attendu".
Pour ces membres du CPM, "un resserrement prématuré de la politique (monétaire) rendrait l'économie vulnérable aux chocs".
A l'inverse, d'autres membres de la majorité ont estimé que le fait que l'économie britannique pourrait absorber plus rapidement que prévu ses capacités de production excédentaires risquerait de provoquer une accélération de l'inflation au-delà de la cible de 2%.
Pour Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight, "les minutes de la réunion de novembre du CPM ne sont ainsi peut-être pas aussi prudentes qu'on pouvait s'y attendre après les prévisions pour l'inflation contenues dans le rapport trimestriel de la Banque d'Angleterre" publié la semaine dernière.
Dans ce rapport, la BoE avait en effet estimé que l'inflation ne retournerait pas au niveau cible de 2% avant 2017. En octobre, l'inflation s'est établie à 1,3% sur un an après être tombée en septembre à son plus bas niveau en cinq ans (1,2%).
Mais si les opinions sur les perspectives de l'économie sont plus variées qu'auparavant au sein de la majorité, les observateurs s'attendent tout de même à ce que MM. McCafferty et Weale ne parviennent pas à faire d'émules pendant encore de longs mois.
Pour ces deux membres, la situation économique, notamment sur le marché du travail où la hausse des salaires commence à progresser plus que l'inflation, justifie une "hausse immédiate" du taux directeur.
"Puisque l'effet de la politique monétaire pourrait intervenir avec un décalage, il était souhaitable d'anticiper les pressions sur le marché du travail en augmentant le taux directeur avant que ces dernières apparaissent", ont de nouveau martelé ces deux dissidents, sans pour autant parvenir à convaincre certains de leurs collègues.
Le salaire moyen (hors bonus) a augmenté de 1,3% pendant la période de trois mois terminée fin septembre, contre 0,9% mesuré à fin août.
Pour l'ensemble du Comité, le maître mot reste tout de même bien la prudence, les neuf membres du Comité s'accordant à mettre en avant le fait que "sur les derniers mois, il est devenu évident que la croissance mondiale avait ralenti et que ses perspectives s'étaient affaiblies, particulièrement en zone euro", risquant ainsi de peser sur une reprise économique britannique qui peine toujours à atteindre une vitesse de libération.
Dans ce contexte, les économistes, qui évoquaient au printemps la possibilité d'une hausse de taux fin 2014, tendent désormais à repousser dans leurs prévisions la date d'une première hausse de taux depuis 2007.
La hausse de tôt pourrait ainsi intervenir au plus tôt au cours du deuxième trimestre 2015, avec la majorité grandissante d'observateurs tablant sur un statu quo pendant encore au moins un an.