Le président Barack Obama a quitté dimanche une Asie où il a été confronté aux nouvelles réalités complexes d'une région marquée par l'émergence de puissances comme la Chine, qui exercent une influence grandissante face à la domination américaine.
M. Obama a conquis les coeurs en Inde et fait un pèlerinage émouvant sur les lieux de son enfance en Indonésie, mais a essuyé de vives critiques au sommet du G20 de Séoul à propos de la politique économique américaine, émanant de Pékin mais aussi de certains alliés des Etats-Unis.
Les responsables américains ont néanmoins claironné que ce voyage de neuf jours avait été un brillant succès, illuminé par les images de la Première Dame Michelle Obama dansant avec des enfants en Inde et les liens profonds du président avec les Indonésiens.
"Quand les historiens reviendront sur le voyage en Inde et en Indonésie (..) ce sera l'un de ces moments majeurs, l'un de ces moments décisifs dans les relations entre pays", a commenté avec emphase Tom Donilon, conseiller pour la Sécurité nationale du président Obama.
Mais après la "raclée" subie aux élections de mi-mandat, l'entourage du chef de l'exécutif américain se hérisse à la lecture de certains commentaires de presse décrivant un président affaibli incapable de convaincre.
"En Asie, le rayonnement d'Obama décline", a écrit le New York Times ; Obama "a traîné la patte" pendant tout le G20, a estimé pour sa part le Wall Street Journal.
Observer cette tournée à travers le prisme de la politique intérieure américaine peut dissimuler une vérité plus profonde: après une décennie de guerres épuisantes à l'étranger, de dette paralysante et de croissance anémiée, la puissance américaine n'est plus ce qu'elle était.
Les propositions américaines sur la limitation des excédents courants et les manipulations sur les monnaies ont été mises en minorité au G20.
Après le sommet du président Obama avec son homologue chinois Hu Jintao, les responsables américains espèrent tout de même voir des progrès sur la réévaluation du yuan avant la visite aux Etats-Unis du numéro un chinois en janvier.
En revanche, M. Obama n'a pas réussi à conclure le principal objectif de sa tournée: un accord ambitieux de libre-échange avec la Corée du Sud qui aurait pu déboucher sur la création d'emplois aux Etats-Unis.
Mais le président peut au moins se targuer d'avoir rapporté quelque dix milliards de dollars de contrats en Inde, garantissant 54.000 emplois.
L'Inde a été sans conteste l'étape la plus réussie. M. Obama a soutenu sa candidature à un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, une promesse à peu de frais pour la diplomatie américaine.
Le président a réaffirmé que les Etats-Unis allaient rester la puissance en Asie, mais a accepté que les puissances émergentes réclament leur dû.
"Nous sommes un très grand, très riche et très puissant pays. Nous exerçons une influence énorme sur les affaires du monde depuis un siècle", a-t-il déclaré à Séoul.
"Vous assistez aujourd'hui à une situation dans laquelle beaucoup d'autres pays réussissent très bien et deviennent naturellement plus autoritaires pour défendre leurs intérêts et leurs idées", a-t-il reconnu.
M. Obama a également souligné les valeurs de démocratie et de tolérance partagées avec l'Indonésie et l'Inde, une façon d'appeler l'Asie à suivre ce modèle plutôt que celui de la Chine.
Il s'est félicité de la montée en puissance de la Chine, mais certains soupçonnent les Etats-Unis de chercher en fait à dresser un rempart contre Pékin en réaffirmant leur engagement en Asie.