Le nombre de mises en chantier et de permis de construire accordés a nettement rebondi en 2010, après une année 2009 fortement impactée par la crise, même si ces indicateurs restent encore loin des niveaux atteints avant la récession.
"Au cours de l'année 2010, les dispositions du plan de relance (construction locative sociale, dispositif Scellier, doublement du prêt à taux zéro) ont continué à produire les effets attendus", commente auprès de l'AFP Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris X-Nanterre.
"Elles ont été amplifiées par l'amélioration des conditions de crédit", ajoute-t-il.
Le nombre de logements neufs dont la construction a débuté en 2010 s'est élevé à 309.744 en 2010, soit une hausse de 3,3% sur l'année, selon les chiffres publiés mardi par le ministère du Logement.
En incluant les constructions sur bâtiment existant, le nombre de mises en chantier a atteint 346.018 (+3,5%), loin encore toutefois des 400.191 enregistrées en 2008.
Le nombre de permis de construire accordés en 2010 pour des logements neufs a de son côté atteint 396.046, en hausse de 14,7%. En incluant les constructions sur bâtiment existant, le nombre de permis accordés a grimpé de 15,1%, à 453.542.
En 2009, en raison de la crise économique, ces deux indicateurs avaient enregistré une forte chute.
"La crise est derrière nous", se félicite auprès de l'AFP le secrétaire au Logement Benoist Apparu, soulignant que "2010 marque une reprise importante".
"2011 doit nous permettre de consolider cette croissance et de répondre ainsi à l'attente des Français", ajoute-t-il.
"Avec 453.542 permis de construire accordés en 2010, le redémarrage est net: au point bas de la courbe, en février, on ne comptait plus que 386.691 permis en année glissante", abonde M. Mouillart.
Mais "il reste à souhaiter que cette reprise s'amplifie en 2011: le chiffre de 2010 est en effet toujours loin de celui de l'avant-crise (592.891 permis accordés en 2006, 567.707 en 2007)", tempère-t-il.
L'évolution positive du nombre de permis de construire accordés "se constate maintenant sur les ouvertures de chantier, en dépit d'un début d'année particulièrement mauvais", avance M. Mouillart.
S'il se félicite de la progression des mises en chantier, Marc Pigeon, président de la Fédération nationale des promoteurs-constructeurs, souligne toutefois qu'"avec 346.000 logements commencés en 2010, on n'est pas à la hauteur des enjeux".
Le gouvernement avait longtemps fait de 500.000 nouveaux logements par an son objectif. M. Apparu s'est récemment fait plus prudent, soulignant en fin d'année: "le problème n'est pas de savoir si on doit faire 400.000 ou 500.000 logements. (...) Le problème principal de la politique du logement en France depuis 20 ans c'est qu'on n'a pas épousé les évolutions démographiques du pays, et qu'on continue à construire deux fois plus de logements par habitant en Auvergne qu'en Ile-de-France".
Et si le nombre de logements mis en chantier a fortement grimpé en 2010 en Ile-de-France (+20,6%), M. Pigeon s'inquiète déjà de voir que le nombre de permis accordés dans la région au cours de la même période n'a pas suivi la même évolution (+7,6%).
Evoquant le nombre de permis accordés en France en 2010, M. Mouillart prévient: "si 2011 ne semble pas inquiéter, c'est en revanche 2012 qui devra être surveillé: le risque de stagnation de la reprise sera alors grand, les ressorts de la reprise s'essoufflant".