GDF Suez a confirmé mardi l'arrêt prolongé ou saisonnier de trois de ses quatre centrales électriques au gaz en France, dans le cadre de la restructuration de ses sites en Europe, après avoir vu ses bénéfices reculer au premier trimestre malgré une météo très favorable.
Le numéro deux du groupe Jean-François Cirelli a confirmé devant les actionnaires, réunis en assemblée générale, la "mise sous cocon" (arrêt prolongé pour une durée indéterminée) de la centrale Cycofos de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Les usines Combigolfe sur le même site et SPEM à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique), ne fonctionneront plus qu'en hiver.
Le producteur d'énergie a justifié cette décision, qui s'inscrit dans le cadre d'une réorganisation de son parc de centrales électriques au gaz européennes, par la concurrence accrue du charbon, qui sape la compétitivité de ses propres installations sur le Vieux continent.
"Bien évidemment, il n'y a pas de plaisir à fermer des outils industriels", a assuré M. Cirelli.
Il a rappelé qu'il s'agissait de fermetures ou suspensions non définitives, le but étant de redémarrer ces installations dans "quelques temps, quelques années", quand les conditions économiques se seront rétablies.
Une source proche du dossier avait déjà fait part à l'AFP au début du mois de cette décision, alors rapportée par le quotidien les Echos. Le groupe s'était contenté d'indiquer à l'époque qu'il préparait une réorganisation de ses centrales au gaz françaises, dans le cadre de la restructuration de son outil de production européen.
A la même tribune, le PDG Gérard Mestrallet a pour sa part réaffirmé que le groupe embaucherait 18.000 personnes en CDI en France d'ici à 2015, alors que des syndicats de l'entreprise craignent la suppression de milliers de postes du fait d'un plan d'économies lancé fin 2012.
Un rattrapage tarifaire de 23 euros
Le groupe a fait ces annonces peu après la présentation de ses résultats du premier trimestre, qui ont été marqués par une stagnation de son chiffre d'affaires, à 24,6 milliards d'euros, et un recul de 5,1% de l'excédent brut d'exploitation (Ebitda), à 5 milliards d'euros.
L'énergéticien a confirmé au passage l'ensemble de ses perspectives financières (dont une baisse entre 3,1 et 3,5 milliards d'euros du bénéfice récurrent en 2013 et en 2014), qu'il avait été obligé de revoir à la baisse fin 2012, parallèlement au lancement d'un plan d'économies et de désendettement.
GDF Suez a estimé que ses performances étaient conformes à ses prévisions, et a mis la baisse de son Ebitda sur le compte de la conjoncture dégradée pour ses centrales au gaz, de la crise en Europe qui freine la demande d'énergie continentale, et de l'arrêt de deux des sept réacteurs nucléaires qu'il exploite en Belgique.
Le groupe attend d'ailleurs toujours au printemps le feu vert de la Belgique pour redémarrer ces deux réacteurs, qui sont à l'arrêt depuis l'été dernier en raison de la découverte de microfissures dans leurs cuves.
En revanche, les ventes de gaz naturel ont été soutenues en France par les conditions climatiques, les multiples vagues de froid ayant obligé les ménages hexagonaux à faire tourner leurs chaudières à plein régime.
GDF Suez s'est par ailleurs de nouveau félicité de la réforme des tarifs du gaz en France qui a permis de "dépolitiser" leur fixation, selon M. Mestrallet.
A ce propos, le groupe va pouvoir comme prévu facturer un rattrapage à se clients (de 23 euros en moyenne pour un foyer chauffé au gaz, un surcoût qui sera étalé sur 18 mois), après l'invalidation d'anciens tarifs par le Conseil d'Etat fin janvier. Les arrêtés rectificatifs qui vont permettre la mise en oeuvre de ce rattrapage ont été publiés mardi par le gouvernement.