La querelle née de l'obtention par la Finlande, au terme de négociations bilatérales avec Athènes, de garanties pour sa participation au plan de sauvetage de la Grèce risque de remettre en question l'accord dans son ensemble, préviennent vendredi des experts finlandais.
"La Finlande a dit dès le départ qu'elle ne garantirait pas de prêt sans nantissement, et si cet arrangement n'est plus acceptable par les autres nations, alors nous revenons à la case départ", a déclaré à l'AFP le directeur de l'Institut finlandais des affaires internationales, Teija Tiilikainen.
Helsinki a annoncé mardi la conclusion d'un accord avec Athènes sur le nantissement de la partie finlandaise du prêt européen à la Grèce. A la suite de cette annonce, selon les médias grecs, l'Autriche, les Pays-Bas et la Slovaquie, voire, selon le journal libéral Kathimérini, la Slovénie, envisagent désormais de réclamer eux aussi des garanties.
Alors que l'accord entre Helsinki et Athènes doit encore être approuvé par les ministres de la zone euro, l'analyste financier Jan von Gerich, de la banque nordique Nordea, estime faibles les chances d'aboutissement de nouvelles demandes de nantissement.
"La Grèce n'a pas les moyens d'octroyer ce type de garanties, ou alors il faudra augmenter substantiellement le montant du prêt", prévient-il dans le principal quotidien finlandais Helsingin Sanomat.
Un responsable du ministère grec des Finances a assuré vendredi à l'AFP que la Grèce ne discutait avec aucun autre pays de la mise en place de garanties en échange des prêts.
Au terme d'un sommet de crise le 21 juillet, la zone euro a annoncé un deuxième plan d'aide à la Grèce, de 158,6 milliards d'euros. L'accord entre Helsinki et Athènes prévoit que la Grèce dépose dans les caisses de l'Etat finlandais une somme qui, ajoutée aux intérêts qu'elle produira, couvrira au bout du compte le montant du prêt garanti par la Finlande.
Le ministère finlandais des Finances a refusé de commenter le débat en cours sur les nantissements, mais un porte-parole a rappelé à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que l'accord annoncé mardi ne devait pas représenter une surprise car Helsinki insistait depuis des mois, et dans la plus grande transparence, sur l'obtention de telles garanties.
L'aide européenne aux pays en difficulté a en effet été l'un des thèmes centraux de la campagne des législatives d'avril en Finlande. Les sociaux-démocrates -deuxième formation politique nationale- avaient insisté sur le fait qu'ils ne participeraient pas à un gouvernement qui accorderait un prêt sans nantissement et le Parlement a fait de ce point une exigence pour ratifier l'octroi d'un nouveau prêt.
"Dans les jours qui viennent, nous allons bien voir s'il est acceptable que seule la Finlande bénéficie de nantissement, la question des prêts (européens) ayant provoqué de gros affrontements politiques chez nous, ou s'il faut reprendre complètement l'ensemble du plan d'aide", selon Mme Tiilikainen.
La Finlande est un partenaire crucial dans le plan d'aide car elle est l'un des six pays de la zone euro à bénéficier d'une note de crédit AAA.