Mauvaise nouvelle pour les 5,2 millions de fonctionnaires: le point d'indice, qui sert de base au calcul de leurs salaires, va rester gelé pendant sept années consécutives, jusqu'à la fin du quinquennat en 2017, ce qui constitue une mesure "insupportable" et "inacceptable" pour les syndicats de la Fonction publique.
Le Premier ministre Manuel Valls, qui a annoncé mercredi ses projets d'économies budgétaires, a annoncé aux fonctionnaires qu'ils devraient participer à "l'effort commun". Il a confirmé, mais sans donner d'échéance, le gel du point d'indice qui n'a pas augmenté depuis 2010.
"Je sais ce que nous devons à nos fonctionnaires, si essentiels à la vie de ce pays (...) Nous leur devons notre reconnaissance", a-t-il dit devant la presse en présentant les projets d'économies budgétaires. "Cependant, la situation nous oblige à leur demander de contribuer à notre effort commun: nous confirmons donc le gel du point d'indice".
Selon une source gouvernementale, les salaires des fonctionnaires, forte base électorale de la gauche, seront gelés jusqu'à la fin du quinquennat en 2017.
"C'est ce que je craignais, c'est tout à fait insupportable. Déjà quatre années de blocage de salaires cela ne s'était jamais vu depuis la création du statut en 1945, il y a plus d'un demi-siècle... Alors là, sept ans !", s'est indigné auprès de l'AFP Guy Barbier, secrétaire général de l'Unsa Fonction Publique.
Il estime que ces décisions mettent en cause la réunion prévue en mai avec la ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu à propos des carrières et des rémunérations.
Incrédule, Jean-Marc Canon, secrétaire général de la CGT, premier syndicat de fonctionnaires, affirme que ce "n'est pas envisageable". "Si le gel devait être confirmé jusqu'en 2017, ce serait un affrontement", a-t-il dit à l'AFP, rappelant la mobilisation prévue le 15 mai.
- Mobilisation prévue le 15 mai -
Les huit syndicats de la Fonction publique (CFDT, CGT, CFTC, FO, FSU, Solidaires, Unsa et FA-FP) ont appelé à une journée nationale d'action ce jour-là contre "l'absence de négociations salariales" et "la dégradation de la qualité de l'emploi public".
"Près de 20% des salariés de ce pays se voient stigmatisés et contraints à une nouvelle perte massive de pouvoir d'achat alors que la situation est déjà sans précédent", a ajouté M. Canon.
Même surprise pour Brigitte Jumel, secrétaire générale CFDT qui préfère s'"en tenir à ce qu'à dit le Premier ministre" confirmant le gel du point d'indice sans donner de date. Elle estime qu'un gel jusqu'en 2017 est "+inentendable+".
"Un an de plus de gel des salaires, c'est déjà totalement inacceptable", a ajouté la responsable du deuxième syndicat de la Fonction publique.
Elle rappelle que l'Insee vient de publier une étude qui révèle la baisse du salaire moyen des fonctionnaires en 2012, après 2011, compte tenu de l'inflation.
"Si ça se confirme, (..) c’est totalement inacceptable", a également réagi Christian Grolier (FO), se déclarant "extrêmement déçu et extrêmement mécontent".
"Ce sont toujours les salariés qui paient la facture, pendant qu’on fait des cadeaux aux entreprises. On en a assez", a ajouté le responsable syndical.
Contactée dans l'après-midi, Bernadette Groison (FSU) avait jugé la déclaration de M. Valls "ambiguë" et dit craindre "le pire avec un gel qui s'installe".
"C'est la cinquième année que nous subissons le gel des salaires. Ma première réaction, est une réaction d'indignation et de colère", a-t-elle ajouté estimant que "le signal envoyé aux fonctionnaires est très mauvais".
Au début de l'année, alors Premier ministre, Jean-Marc Ayrault avait assuré que les économies prévues d'ici la fin du quinquennat ne se feraient "pas sur le dos" des quelque 5,2 millions d'agents. En 2010, le point d'indice avait été revalorisé de 0,5% .
Une augmentation de 1% de sa valeur représenterait un coût de 1,8 milliard d'euros pour les trois fonctions publiques (Etat, territoriale et hospitalière), selon la Cour des Comptes.