La demande d'aide de 4,8 milliards de dollars que l'Egypte a formulée auprès du FMI est gelée sur décision des autorités du Caire en raison des troubles politiques dans le pays, a annoncé mardi l'institution de Washington dans un communiqué.
Au Caire, le Premier ministre Hicham Qandil a confirmé que son gouvernement avait fait une demande officielle de report d'un mois "en raison de la situation politique dans le pays", confronté à sa pire crise depuis l'élection du président islamiste Mohamed Morsi en juin.
"Au vu des évènements sur le terrain, les autorités égyptiennes ont demandé de repousser leur requête" au Fonds monétaire international, a indiqué une porte-parole du FMI, ajoutant que l'institution restait "prête" à soutenir le pays.
Le 20 novembre, les autorités du Caire et les équipes du FMI s'étaient mises d'accord sur un plan d'aide de 4,8 milliards de dollars qui devait encore être approuvé par le conseil d'administration du Fonds d'ici à la fin de l'année.
La requête des autorités égyptiennes suspend l'ensemble du processus.
"Le Fonds reste en contact étroit avec les autorités (...) et se tient prêt à consulter les autorités sur la reprise des discussions", a indiqué la porte-parole du Fonds dans le communiqué.
"Les prochaines étapes pourront être déterminées une fois que ces discussions auront été menées", a ajouté la porte-parole.
L'Egypte est en proie à d'importants troubles depuis que le président Morsi a décidé fin novembre de s'octroyer des pouvoirs élargis, suscitant une contestation croissante.
Le FMI avait alors prévenu qu'un "changement majeur" dans la politique économique en Egypte pourrait remettre en cause le pré-accord sur le plan d'aide accordé au pays.
M. Morsi a depuis renoncé à placer ses pouvoirs au dessus de tout recours judiciaire, mais le pays reste profondément divisé à l'approche d'un référendum sur un projet de Constitution controversé prévu samedi.
Il a demandé à l'armée d'assurer l'ordre jusqu'à l'annonce des résultats du vote.
"Nous avons demandé officiellement le report d'un mois des négociations avec le FMI en raison de la situation politique dans le pays", a déclaré le Premier ministre Hicham Qandil.
Il a ajouté que ce délai devait être mis à profit pour tenir un "dialogue social" sur une loi prévoyant des hausses de taxes sur des produits de base (acier, ciment) ou de grande consommation (sodas, cigarettes).
Ces hausses destinées à combler le déficit budgétaire, mais au risque d'augmentations de prix impopulaires, avaient été gelées dans la nuit de dimanche à lundi par M. Morsi, quelques heures avant leur entrée en vigueur.
Le puissant mouvement des Frères musulmans, dont est issu de président, avait exprimé son opposition à toute mesure qui "alourdirait le fardeau des plus pauvres".
L'Egypte connaît depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011 de graves difficultés économiques provoquées en particulier par la chute du tourisme et par l'effondrement des investissements étrangers, autrefois florissants.
Ces difficultés se traduisent notamment par un creusement du déficit budgétaire et une fonte des réserves en devises du pays.
Le prêt du FMI est sensé ouvrir la voie à d'autres financements internationaux, qui attendent sa conclusion pour juger de la crédibilité de l'Egypte en matière de réformes économiques et de solvabilité, mais aussi de stabilité.