Les médecins portugais étaient en grève mercredi et préparaient une manifestation en blouse blanche à Lisbonne contre les mesures d'austérité appliquées par le gouvernement en contrepartie d'une aide financière obtenue l'année dernière.
Soutenus par l'Ordre des médecins, les syndicats, qui ont appelé à une grève de deux jours, espéraient une forte participation à la manifestation prévue en début d'après-midi alors que leur précédent mouvement d'ampleur nationale remonte à 1987.
"Nous n'avons aucun doute que la grève sera un succès retentissant et que la manifestation va rassembler des milliers de blouses blanches", a déclaré Mario Jorge Neves, dirigeant de la Fédération nationale des médecins (FNAM).
Un service minimum était toutefois prévu, équivalent à celui garanti habituellement les dimanches et jours fériés.
Dans la matinée de nombreux hôpitaux de la capitale semblaient nettement moins fréquentés que d'habitude et quelques rares patients attendaient dans l'espoir d'être reçus en consultation, tandis que les services administratifs fonctionnaient.
"J'avais rendez-vous avec un spécialiste ce matin. J'ai appelé hier mais on n'a pas pu dire si je serai reçu. Ce matin on me demande de rentrer à la maison me précisant que je serai contacté prochainement", a déclaré Manuel Silva à l'AFP.
"Je devais être opérée aujourd'hui et je ne sais toujours pas si ça va se faire. On me demande d'attendre", raconte Lidia Gonçalves, une Brésilienne accompagnée de son mari.
Selon des estimations du ministère de la Santé, la grève de deux jours pourraient, si elle était suivie par la totalité des médecins, entraîner l'annulation d'environ 400.000 consultations et de près de 4.500 opérations chirurgicales.
Les syndicats des médecins ont lancé ce mouvement pour protester contre les coupes budgétaires dans le domaine de la santé qui doivent représenter cette année quelque 800 millions d'euros.
Frappé par une grave crise économique, le Portugal a obtenu en mai 2011 une aide exceptionnelle de 78 milliards d'euros de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, en échange d'un programme de réformes marqué par une austérité sans précédent.
Pour réduire les coûts dans le secteur de la santé, le gouvernement de centre droit, au pouvoir depuis un an, a notamment décidé de réduire les heures supplémentaires et le remboursement de médicaments, de fermer certains services et de doubler les tickets modérateurs.
Les syndicats ont dénoncé ces mesures comme autant de "restrictions à l'accès aux soins".
La grogne des médecins à notamment pris pour cible une récente décision du gouvernement de recourir à des organismes de prestation de services pour le recrutement temporaire des médecins. Les médecins ont exigé l'annulation de cette mesure alors que le gouvernement a déjà renoncé à une procédure semblable pour les infirmières qui avait abouti à des salaires de moins de 4 euros de l'heure.
A la veille de la grève des médecins, les autorités, redoutant une mobilisation de grande ampleur, ont multiplié les efforts pour obtenir des syndicats qu'ils renoncent à un mouvement préjudiciable à l'image de marque de Portugal alors que le pays figurait en 2000, dans un rapport de l'OMS, à la 12è place du classement mondial des systèmes de santé.
Le ministre de la Santé, Paulo Macedo, désormais très critiqué, a convoqué dimanche dernier une réunion de conciliation que les syndicats ont boudée ostensiblement le laissant poireauter pendant trois heures.
Après ce rendez-vous manqué, le ministre a toutefois réaffirmé qu'il était "disponible pour dialoguer".