Après la conclusion des difficiles négociations intra-européennes sur le sauvetage de la Grèce, le débat se déplace désormais vers Washington et le Fonds monétaire international, appelé à décider de sa contribution.
La directrice générale du FMI Christine Lagarde a indiqué mardi que l'institution voulait se déterminer sur le sujet "pendant la deuxième semaine de mars".
La contribution devrait être de 13 milliards d'euros maximum selon le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble, sur un plan qui atteint un total de 130 milliards d'euros d'aide publique.
Le FMI était, devant l'Allemagne, le plus grand contributeur du premier plan grec en 2010, avec 30 milliards d'euros sur 110 milliards. Ce prêt à Athènes était déjà hors normes: en l'espace d'un peu plus d'un an et demi, les 20,3 milliards d'euros versés sont devenus le plus grand prêt que le FMI ait jamais déboursé.
Avec 13 milliards d'euros, auxquels s'ajouteraient les quelque 10 milliards restant à verser du premier prêt, le Fonds apporterait cette fois-ci probablement moins que l'Allemagne.
Certains des Etats membres du FMI sont moins enclins à financer Athènes, après une série spectaculaire de déconvenues: la récession qui s'étire, les réformes sans cesse repoussées, des privatisations au point mort et des complications politiques.
Mais l'institution reste largement dominée par l'axe transatlantique. Et les Etats-Unis, premiers à s'exprimer publiquement sur le sujet, ont apporté leur soutien à la Grèce dès dimanche, avant même la réunion des ministres des Finances de la zone euro.
Athènes a entrepris "un ensemble très solide et très difficile de réformes, méritant le soutien de la communauté internationale et du FMI. Les Etats-Unis encourageront le FMI à soutenir cet accord", affirmait le secrétaire au Trésor Timothy Geithner.
"Bien sûr que les Etats-Unis soutiennent la Grèce. Le gouvernement américain voit les choses à un horizon de huit mois. Pensez-vous qu'ils vont prendre le risque que la Grèce explose avant l'élection présidentielle? Non", explique à l'AFP l'économiste libéral américain Adam Lerrick.
A l'inverse, les pays sceptiques ont gardé leurs critiques pour eux.
"Les administrateurs du FMI voteront un nouveau prêt pour la Grèce. Parce que c'est dans l'intérêt de tout le monde de stabiliser le système. Maintenant la question que tout le monde devrait se poser, et je peux vous garantir que les administrateurs brésilien, indien ou chinois se la posent, c'est de savoir pourquoi un pays aussi petit que la Grèce est devenu une menace pour l'économie mondiale", poursuit M. Lerrick.
La réponse des Européens à cette question, pour justifier un soutien du reste du monde, est que la zone euro et la pérennité de son système financier sont d'une importance cruciale pour la croissance de la planète.
Les fonctionnaires du Fonds doivent désormais jeter les bases d'un nouveau programme économique pour la Grèce dans un contexte difficile. Le FMI y est plus que jamais impopulaire, et le pays est entré en campagne électorale.
"De petits partis d'extrême gauche, qui s'opposent au plan d'aide et à une austérité sévère, progressent dans l'opinion publique" et pourraient causer la surprise aux élections législatives en avril, soulignent les analystes d'IHS Global Insight.
Mais les partenaires internationaux de la Grèce, FMI en tête, restent convaincus qu'il n'y a pas d'autre choix que cette austérité.
"La Grèce va encore en baver un peu plus", pariait le prix Nobel d'économie Paul Krugman, partisan de l'arrêt de l'austérité et de la sortie de la zone euro.