par Missy Ryan
WASHINGTON (Reuters) - L'Etat islamique représente en raison de ses moyens financiers et militaires une menace de premier ordre pour les Etats-Unis, peut-être supérieure à celle que représentait auparavant Al Qaïda, et il ne pourra être vaincu s'il continue à exister en Syrie, ont déclaré jeudi des responsables américains.
"(Les activistes de l'Etat islamique) constituent une menace immédiate contre tous nos intérêts, que cela soit en Irak ou ailleurs", a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, au sujet du groupe islamiste qui contrôle de vaste pans de territoires en Irak et en Syrie et vient de diffuser une vidéo montrant la décapitation du journaliste américain James Foley.
Interrogé sur les capacités de l'Etat islamique à commettre une attaque contre les Etats-Unis comparable à celles du 11 septembre 2001, Chuck Hagel a répondu que ce groupe djihadiste était "aussi bien organisé et financé que toute autre organisation dont nous ayons eu connaissance".
"Ils sont plus qu'un simple groupe terroriste. Ils allient idéologie et sophistication militaire (...) Ils sont incroyablement bien financés. Cela va au-delà de tout ce qu'il nous a été donné de voir."
Les Etats-Unis ont lancé depuis le 8 août une campagne de bombardements aériens dans le nord de l'Irak pour stopper la progression de l'Etat islamique. Jusqu'à présent, l'aviation américaine a effectué 89 frappes aériennes en quasiment deux semaines.
Pour le chef de l'état-major de l'armée américaine, le général Martin Dempsey, le groupe islamiste pourrait représenter une menace directe pour l'Occident avec le retour dans leurs pays de ressortissants européens ou américains ayant combattu en Syrie ou en Irak.
Martin Dempsey a laissé entendre que l'Etat islamique constituerait une menace tant qu'il disposerait de bases arrière en Syrie, pays rongé par trois années de guerre civile.
"C'est une organisation qui a une vision stratégique apocalyptique, eschatologique et qui devra au bout du compte être vaincue", a déclaré le chef d'état-major de l'armée américaine.
"Pour répondre à votre question, peuvent-ils être vaincus sans traiter la partie de leur organisation qui est installée en Syrie? La réponse est non. Il faudra s'attaquer à ce problème des deux côtés de ce qui est fondamentalement à l'heure actuelle une frontière inexistante."
(Avec Steve Holland et David Alexander; Agathe Machecourt et Bertrand Boucey pour le service français)