Le patron de la première banque britannique, HSBC, a été nommé mardi dans le gouvernement dirigé par le conservateur David Cameron, qui s'offre ainsi les services d'un banquier populaire et respecté, une denrée rare par les temps qui courent.
Stephen Green, qui préside HSBC depuis 2006, a été désigné comme secrétaire d'Etat au Commerce, poste laissé vacant depuis l'arrivée au pouvoir au printemps du nouveau gouvernement britannique.
Après plusieurs tentatives infructueuses, M. Cameron est parvenu à enrôler une des grandes figures de la finance britannique, dont l'aura contraste avec la sulfureuse réputation de certains de ses collègues.
Hasard du calendrier, M. Green a d'ailleurs été nommé le jour de la désignation de l'américain Bob Diamond, considéré comme l'incarnation des excès de la City, à la direction générale de la banque rivale Barclays.
M. Green, qui prendra ses fonctions en janvier après avoir été fait Lord conformément à la tradition, ne sera pas rémunéré dans ses fonctions gouvernementales, a tenu à souligner Downing Street.
Ce grand patron atypique, jouissant d'une réputation de sage de la City, est unanimement respecté. Le précédent Premier ministre, le travailliste Gordon Brown, avait fait de lui son "banquier préféré".
Diacre de l'Eglise anglicane, M. Green a pris position à de nombreuses reprises en faveur d'une moralisation du monde des affaires et contre les rémunérations excessives. Il avait donné l'exemple en renonçant à ses bonus durant la crise.
Dans ses nouvelles fonctions, il devra promouvoir les exportations britanniques et inciter les entreprises étrangères à s'implanter au Royaume-Uni. Une mission qui semble taillée sur mesure pour ce vétéran de la finance, à la tête d'une des premières banques mondiales qu'il quittera dans un état florissant malgré la crise financière.
David Cameron veut renforcer en particulier les échanges avec la Chine et l'Inde, des pays où HSBC s'est elle-même fortement développée ces dernières années, allant jusqu'à installer son directeur général à Hong Kong.
Sa désignation ôte une épine du pied de David Cameron, qui avait échoué jusqu'ici à pourvoir ce secrétariat d'Etat, laissé vacant depuis son arrivée au pouvoir, traditionnellement confié à une personnalité de la société civile.
Le secrétaire d'Etat au commerce du précédent gouvernement était Lord Davies, lui aussi un ancien banquier.
Selon la presse britannique, M. Cameron a essuyé des refus de plusieurs dirigeants de groupes prestigieux comme le motoriste Rolls-Royce, le distributeur Marks & Spencer ou le numéro un mondial de l'armement BAE Systems, peu pressés de rejoindre un gouvernement embarqué dans un plan d'austérité sans précédent.
Le recrutement du chef de HSBC, banque universelle par excellence, risque par ailleurs de relancer les interrogations sur les projets de réforme du secteur bancaire au Royaume-Uni, alors que le nouveau gouvernement vient d'installer une commission chargée d'étudier l'éventuelle séparation entre banques de détail et banques d'affaires.
Les excellents résultats de sa banque constituent un des rares points communs de M. Green avec le nouveau directeur général de Barclays, Bob Diamond.
Apôtre de la culture du risque, cet Américain dirigeait jusqu'ici Barclays Capital, la lucrative banque d'investissement de la banque à l'aigle. Il a été surnommé "le banquier aux 100 millions de livres", pour avoir fait fortune à coup de bonus mirobolants.
Il est récompensé pour avoir piloté le rachat pour une bouchée de pain des activités nord-américaines de Lehman Brothers en 2008, qui a propulsé Barclays parmi les toutes premières banques d'affaires de la planète, et l'a aidée, comme HSBC, à traverser la crise sans aide directe de l'Etat.