Dans le "programme de stabilité" présenté mercredi et qui va être transmis à Bruxelles, le gouvernement détaille un scénario où la croissance reprend progressivement au coursde 2013, permettant notamment un recul du taux de chômage, qui était de 10,6% fin 2012, dès le dernier trimestre.
"La France présente des prévisions de croissance réalistes : 0,1% en 2013, 1,2% en 2014, puis 2% chaque année entre 2015 et 2017", affirme le ministère de l'Economie.
Prenant acte d'une reprise plus lente que prévu, puisqu'il tablait encore à l'automne sur 2% de croissance dès 2014, Paris dit avoir "fait le choix de présenter un objectif de déficit public raisonné" à 2,9% du produit intérieur brut (PIB) l'an prochain.
"Ce que je veux, c'est le sérieux budgétaire, indispensable pour le désendettement à moyen terme, mais aussi la croissance sans laquelle il n'y aura pas de réduction des déficits", s'est défendu François Hollande dans un discours à l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) mercredi.
"Nous souhaitons le succès de la France, car la France est importante pour la zone euro dans son ensemble, et nous accompagnerons avec bienveillance les réformes engagées ou en cours", a réagi la chancelière allemande Angela Merkel interrogée par la presse à Berlin.
Le document confirme le dérapage des déficits en 2013, à 3,7% du PIB, et rappelle que Paris a demandé un délai pour revenir sous le plafond de 3% autorisé par les traités européens. Il prévoit que le déficit budgétaire sera ramené à 0,7% du PIB en 2017.
Ces prévisions correspondent aux récentes annonces du gouvernement, en ligne avec les chiffres de la Commission européenne, mais restent plus optimistes que celles du Fonds monétaire international (FMI).
Pour les experts de Washington, la France sera en récession en 2013 (-0,1%), elle n'enregistrera que 0,9% de croissance en 2014 et les déficits ne passeront qu'en 2015 sous les 3%.
La Commission européenne a affirmé qu'elle allait analyser "en profondeur" ce "programme de stabilité". Elle affinera le 3 mai ses prévisions et se prononcera à la fin du même mois sur le délai demandé par Paris.
Baisse des dépenses en 2014
La France, qui espérait avoir tourné la page des hausses d'impôts, reconnaît qu'un "effort important sera encore nécessaire" en 2014. Elle promet qu'il portera à 70% sur des économies de dépenses et à 30% sur les recettes, l'inverse de ce qui a été fait en 2013.
Quelque 6 milliards d'euros de recettes supplémentaires seront nécessaires l'année prochaine, qui proviendront pour moitié du produit du renforcement des contrôles fiscaux et d'un nouveau rabotage des niches fiscales jugées improductives.
Le taux de prélèvements obligatoires augmentera donc pour passer de 46,3% du PIB en 2013 à 46,5% l'an prochain, au lieu d'être stabilisé. L'exécutif promet qu'il reviendra en 2017 au niveau de cette année.
La France insiste sur l'importance de son effort "structurel", qui ne tient pas compte des effets de la conjoncture.
"Nous n'avons renoncé à rien, l'objectif du gouvernement est toujours de revenir à l'équilibre structurel d'ici à 2017, de parvenir à la croissance la plus forte possible, de réussir à inverser la courbe du chômage dès la fin 2013", a affirmé le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici.
Pour y parvenir, la dépense publique doit continuer d'être endiguée. Mais elle devrait encore atteindre un pic en 2013, à 56,9% du PIB avant de refluer. Pour 2014, les économies seront réalisées par l'Etat (baisse de 1,5 milliard en valeur absolue), les collectivités territoriales et la sécurité sociale.