Le gouvernement espagnol doit avaliser vendredi de nouvelles mesures de rigueur qu'il espère faire adopter "en urgence" au Parlement, alors que le pays est au coeur d'une nouvelle tourmente financière qui menace toute la zone euro.
Le Parlement doit être convoqué prochainement en session extraordinaire, peut-être dès la semaine prochaine, pour adopter ces mesures qui devraient rapporter 4,9 milliards d'euros supplémentaires dans les caisses de l'Etat.
La ministre de l'Economie, Elena Salgado, avait annoncé le 7 août ce nouveau plan de rigueur.
Elle avait affirmé que les recettes de l'Etat augmenteraient de 2,5 milliards d'euros dès cette année au moyen d'une réforme de l'impôt sur les grandes sociétés et que l'assurance-maladie devait économiser environ 2,4 milliards supplémentaires en augmentant les achats de médicaments génériques.
Deux Conseils des ministres extraordinaires ont été convoqués pour adopter ces mesures, celui de vendredi et un autre le 26 août.
Selon la presse, les grandes entreprises devraient verser en une seule fois, au lieu de trois, leur impôt sur les sociétés, ce qui permettrait à l'Etat d'accroître ses rentrées fiscales cette année.
Ces mesures s'ajoutent aux plus de 50 milliards d'économies annoncées depuis 2010 pour tenter de rassurer les marchés et les autres pays européens sur la capacité de l'Espagne à sortir de la crise.
L'Espagne, quatrième économie de la zone euro, avait tardé à reconnaître l'ampleur de la crise. Mais Madrid l'a dit et redit: l'Espagne "est loin d'avoir besoin" d'un sauvetage similaire à ceux de la Grèce et du Portugal.
Pourtant, les mauvaises nouvelles sur une croissance atone dans la zone euro et aux Etats-Unis ont relancé les craintes de voir les pays endettés ne pas pouvoir tenir leurs engagements de réduction des déficits face à une Union européenne très mal préparée.
La Bourse de Madrid est prise depuis fin juillet dans une nouvelle spirale et chutait encore vendredi, à des niveaux pas vus depuis la crise de la dette du printemps 2010.
Les annonces pour une meilleure gouvernance européenne à moyen terme lors du sommet franco-allemand de mercredi n'ont pas rassuré les marchés, qui attendent des mesures de court terme face à une nouvelle crise de liquidité qui rappelle celle de 2008, après la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers.
Certains pays comme l'Allemagne sont hostiles, tant que les déficits restent élevés, à une augmentation du Fonds européen de stabilité financière (FESF), et à la création d'euro-obligations qui permettraient de mutualiser la dette des pays.
D'où les tentatives de l'Espagne de rassurer par de nouvelles mesures.
Madrid s'est engagé à réduire son déficit public, qui avait explosé à 11,2% du PIB en 2009, bien au-delà de la limite européenne des 3%. Après l'avoir réduit à 9,24% fin 2010, le gouvernement vise 6% cette année et 2,1% en 2014.
Mais il doit compter avec un déficit croissant accumulé par les régions espagnoles, qui bénéficient d'une grande autonomie. En 2009, 14 d'entre elles ont raté l'objectif de réduction du déficit fixé par Madrid. En 2010, elles étaient neuf.
Le gouvernement a exigé une réduction de leur déficit à 1,3% en 2011, puis à 1% d'ici 2014. Difficile à tenir: la puissante Catalogne a établi son budget en s'autorisant un déficit de 2,66% cette année et la Castille-La Manche affirme que le sien dépasse déjà les 6%. L'Extrémadure s'est simplement dite incapable de respecter l'objectif.
L'agence de notation Moody's a menacé fin juillet d'abaisser encore la note du pays, qu'elle avait déjà dégradée en mars, notamment pour ces raisons.
Ses concurrentes, Fitch et Standard & Poor's, avaient dégradé la note du pays en avril et mai 2010.