Le patron du britannique WPP, numéro Un mondial de la publicité, Martin Sorrell, a affirmé vendredi que les fusions entre égaux à l'image de celle annoncée entre le français Publicis et l'américain Omnicom "ne marchaient pas".
L'opération annoncée dimanche entre le numéro trois et deux du secteur, qui créerait un nouveau champion mondial, loin devant WPP, est "un très beau deal pour Publicis", a indiqué M. Sorrel dans un entretien au quotidien économique Les Echos.
"Mais les fusions entre égaux ne marchent pas", a-t-il ajouté, citant les cas de Daimler-Chrysler et d'Alcatel-Lucent. "Quand vous avez deux présidents ou deux codirecteurs généraux, vous n'êtes plus aussi agile", selon lui.
Il estime qu'"un deal 60%-40% aurait été plus conforme au poids de chacun", soit 14 milliards de dollars de revenus pour Omnicom, 8,8 mds USD pour Publicis.
Pour lui, le projet de fusion est en "contradiction avec la stratégie de chacun des deux groupes" et représente "un pas en arrière pour Publicis, qui avait su prendre une certaine avance dans le digital et les marchés émergents, alors que le nouvel ensemble ne réalisera qu'autour de 20% de son activité dans chacun de ces deux domaines".
Le nouveau groupe, qui sera baptisé Publicis Omnicom Group et dont le capital sera partagé à 50/50 entre les actionnaires des deux sociétés, sera co-dirigé par les patrons des deux entreprises, Maurice Lévy (Publicis) et John Wren (Omnicom).
"Quand vous avez deux présidents ou deux codirecteurs généraux, vous n'êtes plus aussi agile", estime M. Sorrel, observant que "Jean-Yves Naouri, qui devait succéder à Maurice Lévy, a été sacrifié dans l'opération".
La structure, dit-il, "ressemble à la royauté britannique, puisque nous avons une lignée de trois présidents qui se succéderont : Bruce Crawford-Mme Badinter, Maurice Lévy et John Wren".
Quant aux économies d'échelle, le patron de WPP estime qu'elles ne concerneront que "la seule activité" d'achat d'espaces.
Pour son groupe, il entend "miser sur (sa) croissance organique, alors que l'industrie atteint un point d'équilibre" et ne voit aucune raison de réagir en se rapprochant du français Havas ou de l'agence américaine Interpublic.