Les ultimes négociations entre British Airways et le syndicat Unite pour éviter la première grève depuis 13 ans ont échoué vendredi et le personnel de cabine devait cesser le travail dès vendredi minuit, menaçant de clouer au sol des milliers de passagers.
Le directeur général de la compagnie, Willie Walsh et le co-secrétaire général du syndicat Unite Tony Woodley, réunis toute la matinée dans les locaux londoniens du syndicat, ne sont pas parvenus à éviter un mouvement qui pourrait gravement nuire à la compagnie, déjà mise à mal par la crise.
"C'est avec une grande déception que je dois vous dire que les négociations ont échoué", a déclaré à la presse M. Woodley. "La grève commencera à minuit ce soir", a-t-il ajouté.
Unite avait annoncé il y a quelques jours les dates de la grève --les 20, 21 et 22 mars, puis les 27, 28, 29 et 30 mars-- mais les deux parties ont tenté vendredi de trouver une solution in extremis, au lendemain d'une première session de douze heures de discussions.
De son côté, le directeur général de la compagnie aérienne, Willie Walsh, a exprimé ses "profonds regrets", précisant qu'une nouvelle offre de la direction serait retirée dès le début du mouvement.
Unite réclamait que la compagnie aérienne remette sur la table des propositions de la dernière heure formulées vendredi dernier pour éviter le lancement d'une grève de quelque 12.000 personnels de cabine par le syndicat.
A la place, BA a présenté une proposition un peu moins favorable, tenant compte des coûts déjà engendrés par la grève, ce qui illustre les méthodes de négociations fermes de M. Walsh.
Le conflit porte en grande partie sur la décision de BA de supprimer un poste de personnel de cabine sur quinze sur les vols long-courriers.
La compagnie semble s'être beaucoup mieux préparée à une grève que lors du dernier conflit de janvier 2007. A l'époque, un accord avait été trouvé, mais à quelques heures du lancement du mouvement, alors que la plupart des passagers avaient déjà pris d'autres dispositions.
BA avait réinstallé ses vols en urgence, et lancé une campagne de soldes éclair. Mais cela lui avait coûté 80 millions de livres (90 millions d'euros).
Cette fois, la compagnie assure avoir trouvé un millier de volontaires parmi son personnel de cabine, a loué des appareils avec leur personnel, et elle a reçu l'aide d'une soixantaine d'autres compagnies aériennes. Au total, elle espère transporter ce week-end 49.000 personnes sur 75.000 normalement, soit 65%, les vols les plus affectés étant les moyen-courriers.
M. Walsh s'est adressé au public vendredi, avec une grande page de publicité dans la presse nationale, intitulée : "Nous porterons haut nos couleurs". "De nombreux membres de notre personnel navigant ne croient pas à cette grève et continueront à travailler", observe M. Walsh, qui assure que "sa porte reste ouverte" aux négociations.
Son intervention dans la presse montre à quel point BA a craint cette grève au moment où, très touchée par la crise financière, elle s'attend à deux ans consécutifs de pertes record. La grève arrive aussi à un moment sensible, à quelques semaines d'élections législatives attendues le 6 mai.
Bien que le Premier ministre Gordon Brown ait qualifiée cette grève "d'injustifiée et déplorable", les Conservateurs ont passé la semaine à dénoncer l'extrême dépendance supposée du gouvernement travailliste envers Unite.
Vendredi, le ministre des Transports Lord Adonis a encore enjoint les deux parties "à trouver un accord" malgré l'échec des discussions.