L'or, dont le prix a battu jeudi un nouveau record, devrait poursuivre son irrésistible ascension, dopé par les inquiétudes persistantes sur l'économie mondiale, les achats des banques centrales et des taux d'intérêt bas favorisant les spéculateurs, estiment les analystes.
Le prix de l'once d'or a atteint jeudi vers 13H00 GMT 1.278,02 dollars sur le marché londonien des métaux précieux, battant son record de 1.274,95 dollars enregistré mardi.
Le lingot d'or (400 onces) commercialisé à Londres valait donc jeudi jusqu'à 511.200 dollars environ.
Depuis le début de la semaine, le métal jaune profite d'un accès de faiblesse de la monnaie américaine face à l'euro, de nature à encourager les achats d'or - libellés en dollar - pour les investisseurs munis d'autres devises.
Plus généralement, l'or était dopé "par son statut de valeur refuge, face à des marchés boursiers en berne, et par la frénésie d'achats des investisseurs spéculatifs qui désormais visent les 1.300 dollars", explique Rajesh Patel, courtier de la société londonienne Spread Co.
L'envolée actuelle des cours "signifie que de plus en plus d'investisseurs prennent le train en marche", relèvent quant à eux les experts de Commerzbank.
Ces acheteurs se tournent vers l'or pour diversifier leurs actifs et réduire leur exposition aux marchés boursiers, trop volatils, ou à celui des obligations d'Etat ébranlé par la crise des dettes publiques en zone euro.
Le métal jaune, qui a grimpé de plus de 25% sur un an, ne devrait pas s'arrêter là car "les marges de progression pour la demande d'investissement apparaissent solides", estime Philip Klapwijk, directeur du cabinet spécialisé GFMS, selon qui le seuil de 1.300 dollars sera dépassé avant la fin de l'année.
Important facteur de hausse, selon ce cabinet: les banques centrales, qui cherchent à soutenir des économies vacillantes, devraient maintenir des taux d'intérêt extrêmement bas et accentuer des politiques monétaires accommodantes susceptibles de nourrir l'inflation.
Or des taux bas incitent les investisseurs à emprunter pour acquérir de l'or, tandis que la valeur universellement reconnue du métal jaune lui permet d'échapper aux menaces liées à l'inflation.
En outre, une recrudescence des achats d'or par les banques centrales, qui cherchent elles aussi à diversifier leurs fonds, accentue encore le mouvement.
Selon le GFMS, les banques centrales vont globalement redevenir cette année, pour la première fois depuis vingt ans, un acheteur net au plan mondial, les achats d'or dépassant de 15 tonnes les cessions.
La semaine dernière, la banque centrale du Bangladesh a ainsi acquis 10 tonnes d'or du Fonds monétaire international, une opération saluée par le marché.
Certains analystes incitent toutefois à la prudence. "Il y a un moment où beaucoup d'investisseurs vont prendre leur bénéfices, d'autant que les fondamentaux (offre et demande physique) ne justifient pas vraiment" les gains actuels du métal jaune, avertit Andrey Kryuchenkov, de VTB Capital.
Ainsi, si les prix dépassaient durablement la barre des 1.300 dollars, la consommation mondiale d'or pour le secteur la bijouterie pourrait se replier sensiblement, y compris en Inde où la demande d'or bondit chaque automne en raison de fêtes traditionnelles, soulignent les analystes.