Les ministres des Finances de l'Union européenne devraient insister mardi sur la nécessité d'adopter rapidement une stratégie de réduction des déficits quand la croissance reprendra, une discipline jugée "essentielle" par la présidence tchèque de l'UE.
"Je soutiendrai certainement un retour graduel à la consolidation budgétaire. C'est essentiel pour tous", a déclaré le ministre tchèque des Finances Eduard Janota, en arrivant à une réunion des grands argentiers européens à Luxembourg.
Selon un projet de texte, qui doit être ensuite transmis aux dirigeants européens pour leur sommet des 18 et 19 juin, les ministres des Finances devraient insister mardi sur la "claire nécessité d'une stratégie de sortie (de crise) fiable et crédible".
"La priorité doit être donnée à la viabilité à long terme des finances publiques", indique ce projet de rapport sur le plan de relance européen, dont l'AFP a obtenu copie.
La présidence tchèque de l'UE insiste depuis des mois sur la nécessité pour l'Europe de s'engager à réduire les déficits nationaux qui explosent avec la récession économique et les plans de relance.
Lundi, le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia a de son côté indiqué que les ministres des Finances de la zone euro allaient s'atteler à corriger leurs déficits publics dès l'an prochain, si la croissance reprend comme prévu à la mi-2010.
"Tout le monde est d'accord pour dire que nous avons besoin d'une stratégie de sortie" des déficits et de la crise, a-t-il déclaré, à l'issue d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro.
"Nous considérons qu'au cours du deuxième et troisième trimestres de 2010 nos économies commenceront en moyenne a afficher une croissance du PIB", a estimé M. Almunia. "C'est le moment de commencer à mettre en oeuvre une stratégie de sortie" des déficits publics, a-t-il ajouté.
Les grands argentiers des 16 pays de zone euro ont par ailleurs écarté lundi l'idée, suggérée par la France, d'assouplir le Pacte de stabilité en réservant un traitement spécial aux déficits publics résultant de la crise.
Le Pacte de stabilité oblige les Etats à maintenir leur déficit public annuel sous la barre de 3% du produit intérieur brut (PIB), sous peine de sanctions pour les pays de la zone euro.
Mais la ministre des Finances française, Christine Lagarde, a plaidé à nouveau mardi pour un traitement spécial pour les déficits résultant de la crise, tout en affirmant ne pas vouloir "toucher" aux règles européennes.
"Je suis très attachée au Pacte de stabilité", a-t-elle dit.
"Je souhaite cependant qu'on puisse vis-à-vis de nos opinions publiques, vis-à-vis des parlementaires, vis-à-vis des groupes de pression, bien distinguer entre le déficit structurel, sur lequel on a des engagements de réduction qui s'inscrivent dans des programmes de stabilisation, et le déficit de crise", a-t-elle ajouté.
Le ministre des Finances allemand des Finances Peer Steinbrück lui a cependant à nouveau adressé une fin de non-recevoir.
Accepter la proposition de Mme Lagarde conduirait à "ouvrir la porte à des malentendus ou même des abus", a-t-il souligné mardi.