L'Allemagne a douché les espoirs de grande réforme de la zone euro lors du sommet de jeudi, alors que les tractations se poursuivent en coulisses pour accoucher d'un second plan d'aide pour la Grèce et éviter une contagion de la crise de la dette.
Habituée à souffler le chaud et le froid, la chancelière Angela Merkel a prévenu mardi qu'il n'y aurait "pas de grande avancée spectaculaire d'un coup" au sommet des dirigeants des pays de l'Union monétaire à Bruxelles.
Si la finalisation d'un second plan d'aide grec semble bien sur les rails, la réunion de jeudi ne devrait donc pas être l'occasion d'un "grand soir" vers plus de fédéralisme dans la zone euro, comme le souhaitent certains pays, tels la Belgique.
"J'entends prononcer des mots comme restructuration de la dette, obligations européennes, union de transferts (...) et cela donne l'impression que le sujet +Grèce+, le sujet +euro+ pourront ensuite être mis de côté", a précisé Angela Merkel à Berlin, ajoutant qu'il faut certes "des mesures supplémentaires, (mais) pas un grand pas qui solutionne tous les problèmes".
Faisant preuve de la même prudence, le ministre français des Affaires européennes Jean Léonetti avait déjà prévenu lundi soir que le sommet ne serait peut-être pas une solution "totalement définitive qui règle définitivement les problèmes des dettes souveraines des pays de l'euro".
En attendant, les discussions se poursuivent tous azimuts: une réunion de hauts responsables de la zone euro se tenait mardi à Bruxelles, avec côté français le secrétaire général de la présidence française, Xavier Musca, homme clé des négociations à Paris sur la crise de la dette.
La question d'un défaut de paiement ou non de la Grèce reste au centre des débats, selon des sources proches des discussions.
Le ministre français des Finances François Baroin s'est dit optimiste, lundi à Washington, mais a prévenu que son pays ne soutiendrait pas une solution passant par un "événement de crédit" d'Athènes, avec risque d'engrenage incontrôlable.
Or, la plupart des options envisagées mettant à contribution les créanciers privés de la Grèce, comme le veut à tout prix l'Allemagne pour des raisons politiques, entraînerait de facto un tel "événement de crédit" ou un défaut partiel de la Grèce.
Le rééchelonnement de la dette grecque imposerait par exemple aux créanciers une modification des échéances de remboursement, ce qui serait sanctionné par les agences de notation.
Quant au rachat de la dette grecque, une option qui monte en puissance, il pourrait ne pas déboucher sur un défaut si la Grèce elle-même réalise l'opération grâce à des prêts européens. Avantage: le coût de la dette grecque sur les marchés est très bas actuellement et cela permettrait de réduire le volume global de l'endettement du pays.
Mais si le Fonds européen de secours (FESF) rachète lui-même les obligations grecques, il y aurait un risque de défaut partiel.
Troisième option envisagée: la création d'une taxe bancaire spéciale dans la zone euro. Cette solution "aurait l'avantage de ne pas faire intervenir directement les banques et donc de ne pas potentiellement créer de défaut" de paiement de la Grèce, a expliqué M. Leonetti.
"On est en Europe, donc il est très probable que la solution au problème soit un impôt", a ironisé mardi le président de la Fédération bancaire française (FBF) François Pérol, pour marquer son désaccord avec cette proposition.
Face à ces multiples options, le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet est resté fidèle mardi à ses principes, refusant une nouvelle fois tout défaut de paiement.
L'institut de Francfort envoie toutefois des signaux contradictoires. Un autre de ses responsables, l'Autrichien Ewald Nowotny, a jugé que "certaines propositions qui causeraient un défaut partiel de très courte durée pourraient ne pas avoir des conséquences désastreuses".