La réduction des importations permettra à la Syrie d'économiser six milliards de dollars par an, alors que le pays est frappé par des sanctions occidentales, a affirmé mardi à l'AFP le gouverneur de la Banque Centrale.
Le gouvernement a annoncé la semaine dernière la suspension temporaire des importations de produits soumis à des taxes douanières supérieures à 5%, tout en excluant de la liste certains articles essentiels qui ne sont pas fabriqués par l'industrie locale.
"Les marchandises touchées par cette mesure représentent en valeur 25% des importations et cela permettra d'économiser au moins six milliards de dollars, dont environ 4,5 milliards pour les voitures", a précisé Adib Mayaleh.
"Il s'agit d'une mesure de précaution pour protéger nos devises qui s'élèvent à plus de 17 milliards de dollars", a-t-il ajouté. Les économistes estiment que ces réserves couvrent 16 mois d'importations.
Il existe depuis 2006 onze barèmes de tarifs douaniers, allant de 1% à 60%, et la suspension des importations concerne environ un quart des dix mille articles importés. Cela va des voitures à l'ameublement, en passant par l'électroménager, le prêt-à-porter et certains produits alimentaires.
Le gouverneur a fait porter la responsabilité de ces mesures aux sanctions prises par les pays occidentaux pour protester contre la répression dans le pays qui a fait, selon l'ONU, plus de 2.700 morts.
"C'est le résultat des sanctions contre la Syrie et cela prouve exactement ce que j'avais déjà dit: ces mesures de rétorsion touchent directement le peuple syrien car c'est lui qui va être privé de certaines marchandises", a-t-il affirmé.
Interrogé sur la durée de cette "suspension", il a répondu: "Je ne peux pas donner de date, cela dépend de la durée des pressions sur la Syrie de la part des pays européens".
Samedi, l'Union Européenne a renforcé les sanctions contre Damas, les élargissant à 56 personnes et 18 sociétés désormais frappées par le gel des avoirs et l'interdiction de visa.
Il s'agit du septième train de sanctions à l'encontre du régime de Bachar al-Assad, accusé par les Occidentaux de réprimer dans le sang le mouvement de contestation qui le vise depuis plus de six mois.
S'y ajoutent l'interdiction de nouveaux investissements dans le secteur pétrolier et celle de frapper et imprimer pièces et billets de banque pour le compte de la Banque centrale de Syrie.
Selon M. Mayaleh, si la suspension d'une partie des importations "touche dans l'immédiat négativement le commerce, elle aura en revanche un impact positif à long terme sur l'industrie".
"Des nombreuses usines fermées, en raison de leur incapacité à faire face à la concurrence des produits étrangers avec l'ouverture démesurée du marché syrien, rouvriront. Beaucoup d'ouvriers retrouveront le chemin des usines", a-t-il dit.
Quand la suspension provisoire des importations prendra fin, "il n'y aura pas un retour brutal de la concurrence. Il faudra protéger certaines de nos industries nationales. Il faut par exemple manufacturer nous-mêmes notre coton et nos fruits et légumes", a-t-il dit.
La Syrie a signé des accords de libre échange avec les pays arabes et la Turquie qui sont toujours en vigueur.