La France a appelé mardi les opérateurs financiers à signaler tout mouvement suspect autour des avoirs égyptiens, après la chute du président Hosni Moubarak, indique un communiqué de Tracfin, la cellule anti-blanchiment du ministère des Finances.
De source proche du dossier, on indique que cette mesure, similaire à celle prise à l'égard des dirigeants tunisiens, vise "les hauts fonctionnaires et responsables politiques égyptiens, y compris Hosni Moubarak".
"Au regard des événements récemment survenus en Egypte, l’ensemble des professionnels (...) sont invités à appliquer avec une particulière attention" des "mesures de vigilance complémentaires", précise le communiqué de Tracfin publié sur le site du ministère des Finances.
Les opérations suspectes, susceptibles de mettre "en péril le suivi des sommes concernées", devront "sans délai faire l’objet d’une déclaration à Tracfin", ajoute le communiqué.
Il s'agit, précise-t-il, des "retraits substantiels en espèces, achat de métaux précieux, envois de fonds vers l’étranger, etc.".
Toujours de source proche du dossier, on explique qu'il "ne s'agit pas d'un gel des avoirs mais d'une mise sous surveillance" jugée "plus efficace".
"Un gel des avoirs ne pourrait viser qu'une liste nominative de responsables égyptiens alors que cette procédure permet de s'intéresser à toute personne susceptible de détenir des avoirs", fait-on valoir de même source.
Les autorités françaises "ne s'attendent cependant pas à découvrir des avoirs égyptiens colossaux", estimant que la France est "a priori moins concernée que d'autres pays européens".
Appelant dès dimanche à une "action internationale concertée", le ministre britannique du Commerce, Vince Cable, avait ainsi évoqué la présence "d'énormes avoirs" égyptiens au Royaume-Uni.
Quant à la Suisse, elle avait décidé dès vendredi de geler "avec effet immédiat" les biens que pourraient détenir dans la confédération le président Moubarak et son entourage.
Le gouvernement égyptien a demandé aux Etats-Unis et à plusieurs pays européens, notamment l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France, de geler les avoirs d'ex-hauts responsables du régime de Moubarak, mais pas du président déchu lui-même, selon un responsable du département d'Etat américain.
La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, avait assuré lundi que Paris se tenait "évidemment à la disposition de la justice égyptienne" pour examiner la situation des avoirs que détiendraient en France le président égyptien déchu et son entourage.