Une autorité de régulation de l'Etat de New York a accusé lundi la banque britannique Standard Chartered (SCB), qui concentre son activité en Asie et dans les pays émergents, d'avoir dissimulé des transactions avec l'Iran représentant "environ 250 milliards de dollars".
"Pendant au moins dix ans", selon le Département des Services financiers de l'Etat de New York, SCB a ainsi perçu "des centaines de millions de dollars de commissions", et "laissé le système financier américain vulnérable aux terroristes, trafiquants d'armes, trafiquants de drogue et régimes corrompu".
Le Trésor fédéral américain, sollicité, n'a pas réagi dans l'immédiat.
Dans son "injonction", l'autorité de l'Etat de New York a précisé qu'elle fondait ses accusations sur "plus de 30.000 pages de documents, y compris des courriels internes à SCB qui décrivent des infractions au droit délibérées et condamnables".
La direction de SCB a été sommée de s'expliquer le 15 août "pour expliquer ces infractions apparentes et pour démontrer pourquoi la licence d'exploitation dans l'Etat de New York ne devrait pas être révoquée".
La banque devra notamment répondre d'accusations selon lesquelles "SCB a entrepris de falsifier ses documents financiers, (...) fait obstruction à l'action gouvernementale, n'a pas informé le département en temps voulu", entre autre "nombreuses" infractions, y compris commises en vue d'échapper à des sanctions fédérales.
En particulier, "depuis janvier 2001 et jusqu'en 2007, SCB a conspiré avec ses clients iraniens pour faire transiter près de 60.000 paiements différents en dollars par sa filiale new-yorkaise après avoir retiré les informations des messages de virements permettant d'identifier des pays, entités et individus frappés de sanctions".
L'agence cite notamment un courriel émanant d'un cadre dirigeant de la banque particulièrement compromettant: "Espèce de c-- d'Américains, qui êtes-vous pour nous dire, au reste du monde, que nous n'allons pas faire affaire avec des Iraniens".
Au sein de City Index, l'analyste Joshua Raymond a immédiatement regretté "un autre désastre de relations publiques pour la communauté mondiale des banques après les scandales du Libor et de blanchiment d'argent".
"Cela représente une menace imminente pour la marque de Standard Chartered, qui jouit traditionnellement de l'une des meilleures réputations, et pour sa capacité à être au coeur de l'activité financière américaine à New York", ajoutait M. Raymond.
Il notait que la nouvelle étant tombée en toute fin de séance, l'action avait chuté de 6%, et il prévoyait encore de la volatilité mardi.
A New York en revanche les valeurs financières étaient orientées à la hausse.
Standard Chartered est née de la fusion en 1969 de deux banques fondées au XIXe siècle, la Chartered Bank et la Standard Bank, toutes deux spécialistes dès leur naissance du commerce avec les colonies britanniques.
Les autorités new-yorkaises notaient qu'elle compte 1.700 bureaux dans 70 pays, et que sa filiale locale détient quelque 40,8 milliards de dollars d'actifs.
La banque a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 17,63 milliards de dollars (+10%) pour un un bénéfice net record de 4,75 milliards de dollars.