Le Premier ministre britannique David Cameron a appelé mercredi la Chine à oeuvrer avec le G20 sur la réduction des déséquilibres mondiaux et a pris le risque de heurter Pékin en appelant les dirigeants communistes à une "plus grande ouverture politique".
Dans un discours à l'Université de Pékin, M. Cameron a demandé à la Chine d'"oeuvrer avec le G20 pour rééquilibrer l'économie mondiale", à la veille du Sommet à Séoul des grands pays industrialisés et émergents, où il doit ensuite se rendre, de même que le président Hu Jintao avec lequel il s'est entretenu en matinée.
"Si la Chine est prête à poursuivre l'ouverture de ses marchés et travailler avec la Grande-Bretagne et les autres pays du G20 à rééquilibrer l'économie mondiale et à prendre des mesures progressives pour internationaliser sa monnaie, cela contribuera grandement à assurer à l'économie mondiale la stabilité dont elle a besoin pour une croissance forte et durable", a-t-il déclaré.
De même "cela contribuera aussi largement à apporter à la communauté internationale le sentiment que la Chine, en tant que puissance économique, est une force pour le bien", a poursuivi le chef du gouvernement britannique.
"La vérité est que certains pays avec des excédents des comptes courants ont trop épargné, tandis que d'autres, comme le mien, avec des déficits, ont trop peu épargné", a-t-il dit.
"Le résultat a été un flot dangereux d'argent allant d'un bout de la planète à l'autre", a averti M. Cameron, dont le gouvernement met en place un plan d'austérité drastique.
La Chine, a-t-il poursuivi, doit favoriser la consommation intérieure, mais "cela ne peut se faire du jour au lendemain".
Dans le même discours devant les étudiants, M. Cameron a évoqué la nécessité d'une ouverture politique en Chine, au risque de froisser ses hôtes.
"J'espère qu'en temps voulu (...) la montée de la liberté économique (...) conduira à une plus grande ouverture politique (...) parce que je suis convaincu que la meilleure garantie de prospérité et de stabilité c'est que le progrès économique et le progrès politique avancent ensemble", a-t-il lancé.
Le chef du gouvernement britannique a expliqué également que l'état de droit en Grande-Bretagne, avec sa liberté de la presse et son système électif, "rendent (le) gouvernement meilleur et (le) pays plus fort".
M. Cameron est le premier dirigeant occidental à se rendre en Chine depuis l'attribution le 8 octobre du prix Nobel de la paix au dissident emprisonné Liu Xiaobo, une récompense qui a outré Pékin. Il a apparemment évoqué le cas de Liu mardi avec son homologue Wen Jiabao.
La semaine dernière, la France a déroulé le tapis rouge pour le président Hu Jintao et a été critiquée par les ONG de défense des droits de l'Homme pour avoir sacrifié les droits de l'Homme sur l'autel des intérêts économiques, lors de cette visite d'Etat qui a permis d'engranger entre 14 et 16 milliards d'euros de contrats.
Aucun montant n'a été fourni sur le montant total des contrats signés lors de la visite de M. Cameron qui semblent ne pas avoir dépassé quelques milliards de dollars, et dont la plus grosse commande est celle de 1,2 milliard de dollars pour Rolls Royce pour la motorisation de 16 Airbus A330.
M. Cameron avait qualifié sa visite -- pour laquelle il est accompagné d'une forte délégation de quatre ministres et 43 patrons de grandes entreprises -- de "mission commerciale d'importance vitale" à un moment où la croissance britannique peine à décoller après la récession de 2008-2009.
Il devait quitter la Chine en fin de journée pour la Corée du Sud et le Sommet du G20.