La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, s'est engagée lundi à Brasilia à "approfondir" la réforme du Fonds monétaire international (FMI) pour donner plus de poids aux pays émergents si elle était élue à la tête de l'institution financière.
"La grande priorité à venir est la poursuite de la réforme de la gouvernance et son approfondissement", a dit la ministre au cours d'une conférence de presse au côté de son homologue brésilien Guido Mantega.
Mme Lagarde a réalisé une visite de quelques heures au Brésil, première étape d'une tournée dans les grands pays émergents visant à défendre sa candidature à tête du FMI.
Pour sa part, M. Mantega a souligné que le Brésil ne ferait connaître sa position qu'à la clôture des candidatures, le 10 juin. Le président de la Banque centrale du Mexique, Agustin Carstens, est également attendu à Brasilia, mercredi, pour tenter d'obtenir le soutien du Brésil à sa candidature.
"Ce que le Brésil souhaite, c'est que le programme de réformes décidées soit mis en oeuvre", a dit M. Mantega. "Pour le Brésil, il est très important que le nouveau directeur s'engage envers un Fonds plus représentatif et plus fort, c'est-à-dire avec une plus grande participation des pays émergents", a insisté le ministre qui a affirmé que la règle de la nationalité pour diriger le Fonds était "dépassée".
Au cours d'un deuxième point de presse, Mme Lagarde a déclaré que l'une des missions du FMI était d'assurer une "coordination monétaire" pour éviter une "volatilité excessive" des monnaies.
"Ce qui est important en matière de politique monétaire, c'est que l'on ait suffisamment de coordination dans les changes pour parvenir à une stabilité dans le domaine monétaire", a-t-elle dit.
Les principales puissances émergentes (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), réunies au sein du groupe des Brics, critiquent la mainmise des Européens sur le poste de directeur général du FMI, mais n'ont pu se mettre d'accord sur un candidat commun.
En vertu d'un accord tacite, la direction du Fonds a toujours été allouée depuis 1946 à un Européen, tandis que les Américains occupent celle de la Banque mondiale.
La ministre française est donnée comme la successeur probable de Dominique Strauss-Kahn, inculpé à New York de crimes sexuels et contraint à la démission de son poste de directeur du Fonds monétaire international.
La candidature de la ministre française est sortie renforcée du sommet du G8 de Deauville, en France, où elle a engrangé les soutiens.
Pour le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, l'affaire est entendue après ce sommet qui a réuni les grands pays industriels. "Il y avait unanimité pour soutenir Christine Lagarde", a-t-il assuré.
Mme Lagarde s'est néanmoins employée à assurer qu'elle représentera tous les pays membres du Fonds. "Ma candidature s'inscrit dans le courant de réformes initié par le précédent directeur général. En particulier, je suis extrêmement attachée aux modifications de la gouvernance engagée pour permettre un bonne representativité de tous les membres", a-t-elle dit.
"Je suis attachée à l'universalité du Fonds monétaire international, il n'est la propriété de personne, d'aucun groupe de pays, il appartient à la totalité de ses membres", a ajouté Mme Lagarde.
Elle a aussi défendu un rôle plus large de l'institution financière internationale au-delà de son rôle classique macro-économique, en souhaitant que le Fonds se préoccupe également des questions d'emploi.
La ministre française doit se rendre la semaine prochaine en Chine et en Inde et rencontrer des représentants de pays africains. Elle pourrait aussi aller en Arabie saoudite, selon son entourage.