Le déficit de l'Etat français, bien qu'un tout petit peu moins abyssal que prévu, a battu en 2010 un nouveau record, et le gouvernement a réitéré son engagement à tout faire pour le résorber dans les délais impartis par Bruxelles, même si la tâche s'annonce ardue.
Selon les chiffres publiés vendredi par Bercy, le déficit budgétaire s'est établi l'an dernier à 148,8 milliards d'euros, dépassant ainsi de près de onze milliards le niveau déjà inédit atteint en 2009, lorsque, sous l'effet de la crise, les dépenses de relance de l'économie avaient explosé tandis que les recettes fiscales s'effondraient.
Néanmoins, il s'agit d'une "amélioration d'un milliard d'euros" par rapport aux dernières prévisions, s'est félicité le ministre du Budget François Baroin.
Selon lui, l'objectif de déficit public, qui, outre les comptes de l'Etat, intègre ceux des collectivités territoriales et de la Sécurité sociale, à 7,7% du produit intérieur brut (PIB) en 2010 "se trouve ainsi confortée". On saura fin mars s'il a été respecté.
Le niveau de 7,7% constituerait un record jamais atteint, et la France s'est engagée à ramener le déficit public à 6% cette année, puis 4,6% l'an prochain et 3%, le plafond autorisé par les traités européens, en 2013.
Pour cela, le déficit de l'Etat doit être réduit cette année de plus de 57 milliards pour s'établir fin 2011 à 91,6 milliards.
"Les engagements seront tenus", a insisté vendredi, une fois de plus, la ministre de l'Economie Christine Lagarde, promettant de ne pas céder à "la tentation du laxisme dans la gestion des finances publiques de la France".
Selon elle, "la rigueur dont nous devons faire preuve est évidemment une exigence de souveraineté nationale" pour ne pas traverser ce qu'ont vécu la Grèce ou l'Irlande.
"Nous ne devrons donc pas fléchir", a déclaré la ministre, tout en reconnaissant que ce ne serait "pas facile" de résister face aux "sollicitations multiples et variées de la part de ces ministères que l'on dit dépensiers", notamment à la veille de l'élection présidentielle de 2012.
Le chef économiste Europe de l'agence de notation Standard and Poor's, Jean-Michel Six, avait estimé jeudi que "le vrai enjeu pour la France (serait) 2012" et que les annonces attendues avant l'été sur la fiscalité seraient scrutées de près.
Les économistes s'accordent à dire que l'effort affiché en 2011, s'il est "historique" et "inédit" comme le martèle le gouvernement, devrait être relativement facile à réaliser par rapport au tour de vis nécessaire en 2012 et 2013.
En effet, une grande part de la réduction du déficit viendra cette année de la non reconduction de certaines dépenses "exceptionnelles" qui ont pris fin en 2010. Le ministère du Budget a chiffré vendredi à 70 milliards d'euros ces dépenses réalisées l'an dernier pour financer les dernières mesures du plan de relance (5,2 milliards), les "investissements d'avenir" du grand emprunt (32,4 milliards) et la "compensation relais" aux collectivités territoriales dans le cadre de la réforme de la taxe professionnelle (32,4 milliards).
Les dépenses ordinaires, qui ne devaient pas progresser plus vite que l'inflation, ont "strictement respecté" le plafond autorisé, s'est réjoui François Baroin.
Côté recettes fiscales, l'impôt sur les sociétés, dont le produit s'était littéralement effondré en 2009 avec la crise, a certes rebondi, mais a rapporté 2,1 milliards de moins que prévu, signe de la persistance d'une certaine fragilité de l'activité.
Ce manque à gagner n'est que partiellement compensé par le demi-milliard d'euros de recettes supplémentaires de la TVA, qui témoignent selon le ministre du Budget d'une "bonne tenue de la consommation".