Le Dreamliner de Boeing, long-courrier du futur, plus léger et plus économe en kérosène, se fait attendre auprès des compagnies aériennes mais il a effectué dimanche ses débuts à l'international en atterrissant près de Londres.
Le B787 d'essais, immatriculé ZA003, s'est posé sans encombre sur l'aéroport de Farnborough à 09H08 (08H08 GMT) devant des journalistes du monde entier venus approcher cet aéronef à la pointe de la technologie: composé à 50% de matériaux composites, il consommera 20% de carburant en moins par rapport aux avions actuels de taille comparable.
"C'est vraiment un bel avion. Je ne peux qu'être heureux de l'avoir amené jusqu'ici pour le montrer au reste du monde (...) Il se comporte mieux que le B777", a déclaré le commandant Mike Bryan. "Je n'ai pas trouvé un pilote qui ne l'aime pas!".
Il a expliqué avoir effectué différents tests sur le système de navigation, de communication, les tests habituels sur l'air conditionné, la pressurisation ou encore sur le comportement de l'avion en cas d'arrêt moteur.
"Il a un beau déplacement, un fantastique système de contrôle en vol", a estimé le pilote.
Mike Sinnett, l'ingénieur en chef du programme 787, a toutefois déclaré à l'AFP qu'il restait encore de nombreuses évaluations à mener, dont des tests complémentaires sur le comportement de l'appareil au décollage et à l'atterrissage, pour obtenir la certification finale auprès des autorités.
Mike Carriker, chef pilote du projet lancé en avril 2004, a de son côté affirmé qu'il suffisait de cinq jours pour un pilote qualifié sur B777 pour s'adapter au Dreamliner.
L'appareil sera exposé aux professionnels jusqu'à mardi mais aucun vol de démonstration n'est prévu.
Les débuts du Dreamliner ("avion de rêve") à l'international, initialement attendus au salon du Bourget près de Paris l'an passé, sont toutefois quelque peu éclipsés par l'annonce d'un probable report de livraison du premier appareil.
Après avoir assuré qu'il remettrait d'ici à la fin de l'année le premier exemplaire à la compagnie japonaise ANA, Boeing a en effet prévenu jeudi que la livraison pourrait être repoussée à début 2011. Une mauvaise nouvelle après les problèmes sur l'empennage horizontal.
Le premier vol d'essai du B787 s'était déroulé le 22 décembre, avec deux ans de retard en raison d'une production éclatée sur plusieurs sites et un taux inédit de matériaux composites.
Le Dreamliner, qui pourra transporter entre 210 et 290 passagers selon les configurations, est crucial pour l'avenir de Boeing qui n'a pas commercialisé de nouvel aéronef long-courrier depuis le B777, lancé il y a une quinzaine d'années.
Outre l'économie de carburant, le constructeur promet aux compagnies une réduction de 30% des coûts de maintenance. Les passagers devraient quant à eux apprécier la réduction du bruit et un confort visuel grâce à des hublots plus grands ainsi qu'un travail sur la lumière et un taux d'humidité supérieur dans la cabine.
"Boeing a plus de 860 commandes. Désormais, l'enjeu est de monter en cadence rapidement pour pouvoir satisfaire la demande", a commenté Christophe Menard, spécialiste chez Bryan Garnier.
Fin mai, Boeing avait annoncé qu'il produirait dix modèles par mois d'ici la fin 2013 contre deux actuellement.
Sur le long-courrier, son concurrent européen Airbus, qui a récemment commercialisé son super Jumbo A380, développe lui aussi son premier appareil majoritairement constitué de matériaux composites, l'A350 WXB ("Wide extra body"), dont la livraison est prévue pour 2013. Le calendrier est lui aussi sous pression.