Chypre a lancé in extremis un appel à l'Union européenne pour un allègement des conditions prévues par un plan de sauvetage censé empêcher une faillite de l'île et qui devait être finalisé lors d'une réunion vendredi des ministres des Finances de la zone euro à Dublin.
Le président de Chypre Nicos Anastasiades a déclaré vendredi qu'il allait demander à l'Union européenne une "aide supplémentaire" pour l'île, qui fait face à des mesures de plus en plus lourdes imposées dans le cadre du plan de sauvetage convenu en mars.
Il ne s'agit pas d'une demande d'argent supplémentaire, a assuré à Dublin, un diplomate chypriote alors que Berlin a affirmé que le montant de l'aide promise à Chypre ne changerait pas.
Chypre va devoir faire des efforts plus importants que prévus. Sous le choc de mesures sévères convenues en mars visant son secteur bancaire, l'île devra finalement trouver 13 milliards d'euros, soit près de six milliards de plus que prévu initialement, dans le cadre du plan de sauvetage.
Le plan de sauvetage conclu le 25 mars entre Chypre et les bailleurs de fonds internationaux -Union européenne, Fonds monétaire international (FMI) et Banque centrale européenne (BCE)- prévoit théoriquement que Chypre reçoive 9 mds EUR de la zone euro, via son fonds de secours, et 1 md du FMI.
En échange, le pays devait trouver initialement 7 milliards d'euros, une somme évaluée désormais à 13 mds, soit plus de 75% du PIB. La majeure partie viendra de la restructuration du secteur bancaire, qui comprend une ponction sur les plus gros créanciers, y compris les déposants; 10,6 milliards d'euros au lieu des 5,8 milliards annoncés au départ.
"La situation peut-elle encore empirer ?", titrait vendredi la quotidien local de langue anglaise Cyprus Mail, à la suite de l'annonce d'une révision à la hausse de la dette.
Pour expliquer le passage de 17,5 à 23 mds EUR, une source proche du dossier a souligné que les besoins de Chypre avaient évolué.
Selon cette source, même si la restructuration du secteur bancaire doit désormais être largement financée par le secteur privé, les besoins prévus de financement de l'Etat ont augmenté en raison d'une récession plus forte que prévu qui assèche ses recettes. Les 23 mds EUR comprennent à la fois les contributions publiques et privées, alors que les 17 mds ne prenaient en compte que le financement public.
Le président Anastasiades a affirmé devant les journalistes avoir déjà parlé au commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, avant le début de la réunion de Dublin.
Il a également indiqué qu'il écrirait au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, pour "souligner la nécessité d'un changement de politique de l'UE envers Chypre, en lui accordant une aide supplémentaire, tenant compte des difficultés auxquelles nous faisons face en raison de la crise économique et des mesures qui nous sont imposées".
"Nous ne demandons pas d'argent supplémentaire mais une aide renforcée de la +task force+ de la Commission européenne", a assuré un diplomate chypriote à l'AFP à Dublin.
A Berlin, le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a pour sa part affirmé que le montant du plan de sauvetage européen à Chypre, arrêté à 10 milliards d'euros, "ne changerait pas", même si les besoins du pays sont réévalués à la hausse.
Entre-temps, Chypre a allégé à partir de vendredi les mesures de contrôle de capitaux décidées dans le cadre du plan de sauvetage, en levant les restrictions sur les transactions inférieures à 300.000 euros.
Mais le ministère des Finances a maintenu pour au moins sept jours supplémentaires les restrictions prévoyant de limiter les retraits en espèces aux guichets et aux distributeurs à 300 euros par jour, par personne et par banque.
Le ministère a également décidé de lever de 5.000 à 20.000 euros par mois le montant autorisé pour les paiements et virements à l'étranger, sans autorisation préalable.
Une autre mesure d'allègement est l'autorisation pour les voyageurs quittant l'île d'emporter jusqu'à 2.000 euros. Jusqu'ici la limite était de 1.000 euros.