Après neuf mois de gestation, la fusion entre la Banque Populaire et la Caisse d'Epargne, qui donnera naissance à la deuxième banque française, devrait être effective cette semaine, les engagements de la direction sur l'emploi étant parvenus à lever les résistances syndicales.
Dernière en date, l’Autorité de la concurrence a autorisé lundi la fusion sous réserve que des engagements soient pris à La Réunion, où le nouveau groupe détiendra près d'une agence sur deux.
Vendredi, la loi créant un "organe central" commun aux deux établissements mutualistes a été promulguée.
Cette structure faîtière sera détenue à égalité par chacune des 20 banques populaires et 17 caisses d'épargne régionales qui, elles, ne fusionneront pas. Elle est comparable à l'organisation du groupe bancaire Crédit Agricole/LCL ou du constructeur automobile PSA Peugeot Citroën.
Sur le plan réglementaire, il ne manque plus que l'agrément du Comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement (CECEI), attendu mardi.
Le calendrier de la fusion, que les principaux syndicats des Caisses d'Epargne menaçaient de bloquer après avoir recueilli l'avis d'un cabinet d'expert très alarmiste sur l'emploi, a connu une accélération décisive la semaine dernière.
François Pérol, le patron du futur groupe, s'est en effet engagé par écrit à ne procéder à aucun départ contraint pendant la phase de construction du nouveau groupe. Il a également rappelé que si des réductions d'effectifs devaient avoir lieu, elles ne concerneraient pas les fonctions commerciales dès lors que les réseaux d'agences ne sont pas appelés à fusionner.
Le nouveau groupe emploiera 106.000 personnes en France et 120.000 dans le monde. Le nouvel organe central, où des doublons sont susceptibles d'apparaître, comptera 1.600 personnes.
Ces engagements semblent avoir eu raison des réticences syndicales qui menaçaient de ne pas rendre d'avis. Sur les 54 comités d'entreprises dont l'avis était indispensable à la bonne marche de la fusion, 47 se sont déjà prononcés. Cinq avis devaient encore être rendus lundi et deux mardi.
Mercredi, les organes centraux de chacune des deux banques, la Banque fédérale des banques populaires et la Caisse nationale des Caisses d'Epargne, vivront leur dernière heure. C'est dans la soirée, ou au plus tard jeudi à midi, que devraient être connus le nom et le logo du nouvel organe central.
Ce rapprochement entre les deux banques était dans l'air depuis la création de leur filiale commune Natixis fin 2006 mais c'est la crise financière qui a accéléré la mise en oeuvre.
Comme les discussions patinaient et Natixis s'enfonçait dans la crise, l'Elysée a pris le dossier en main, imposant son secrétaire général adjoint, M. Pérol, à la tête du nouvel ensemble, en échange d'une injection de fonds dans la filiale déficitaire.
Cette nomination a suscité une vive polémique et l'ouverture d'une enquête préliminaire du parquet de Paris, après le dépôt de plusieurs plaintes pour prise illégale d'intérêts.