Le titre Facebook poursuivait sa glissade mardi, au troisième jour de sa cotation, poussant plusieurs analystes à critiquer le pilotage de l'entrée en Bourse par les banques.
Le cours du champion des réseaux communautaires a plongé de 8,90% à 31,00 dollars mardi à la clôture dans un marché en léger repli, après avoir touché un plancher à 30,94 dollars en séance. Au total, l'action "FB" a perdu 18,42% de sa valeur depuis son introduction en Bourse vendredi.
Ainsi, en moins de quatre jours, la valorisation du site aux 900 millions d'utilisateurs a baissé de quelque 19 milliards de dollars.
Beaucoup parlent déjà d'échec et mettent en cause les banques qui ont organisé l'opération, principalement Morgan Stanley, mais aussi JPMorgan Chase et Goldman Sachs, qui avaient les premiers rôles parmi onze banques mobilisées. "Elles se sont complètement plantées", lâche Michael Pachter, analyste chez Wedbush Securities. Selon lui, elles ont sans doute mis trop d'actions sur le marché trop cher.
Mardi, une nouvelle polémique est apparue, des médias assurant que les analystes des trois principales banques impliquées avaient revu en baisse leurs attentes pour les résultats du site internet dans les jours précédant l'entrée en Bourse, et en avaient averti certains de leurs clients qui du coup auraient perdu de l'intérêt pour le titre.
"Si ces accusations sont vraies, elles sont du ressort de la Finra et de la SEC", deux des principales agences de réglementations des firmes financières aux Etats-Unis, a indiqué un porte-parole de la Finra.
Selon la chaîne financière CNBC, l'Etat du Massachusetts (est) a cité Morgan Stanley à comparaître sur l'affaire. Morgan Stanley s'est défendue dans un communiqué en affirmant "avoir suivi les mêmes procédures pour l'offre d'actions Facebook que pour toutes les autres introductions boursières", assurant qu'elles sont "conformes à toutes les réglementations".
La banque d'investissement souligne que Facebook avait "publié des prévisions additionnelles le 9 mai (...) et "une copie en a été transmise à tous les investisseurs", sans compter que cette mise à jour des prévisions de Facebook a été "largement couverte par la presse".
Le site aux 900 millions d'utilisateurs avait alors indiqué que son chiffre d'affaires continuait à croître moins vite que le nombre de ses utilisateurs - révélant la poursuite d'une tendance qu'il avait déjà évoquée. Ces nouvelles prévisions ont incité "un nombre conséquent d'analystes (...) à réduire leurs prévisions de résultats" et elles ont été "prises en compte dans la fixation du prix" de lancement de l'action, conclut Morgan Stanley.
Certains analystes soulignaient par ailleurs à quel point il est difficile de fixer le niveau de prix d'une entreprise qui comme Facebook suscite un énorme intérêt auprès du grand public. "C'est vraiment difficile de comprendre véritablement la vraie demande des investisseurs pour un titre, parce que les investisseurs ne disent pas aux banques le nombre exact d'actions qu'ils veulent", remarque Lou Kerner, fondateur du Social Internet Fund.
Selon lui, les difficultés techniques du marché électronique Nasdaq pour gérer le volume d'ordres au premier jour, vendredi, n'ont fait qu'ajouter aux difficultés inhérentes à ces opérations, tout comme la décision du constructeur General Motors, annoncée le 15 mai, de ne plus faire de publicité sur Facebook.
Pour autant, M. Kerner reste optimiste sur le "potentiel" de Facebook: d'ici 6 à 12 mois, "les échanges d'aujourd'hui ne seront plus que du bruit de fond".
Rick Summer, du cabinet d'analyste Morningstar, est plus prudent: "nous pensons que l'entreprise a des difficultés à court terme. Le ralentissement du chiffre d'affaire et les pressions sur les marges d'exploitation pourraient encore pousser le cours à la baisse", prévient-il.