Malgré un des pires trimestres de son histoire, la Bourse de Paris tente de remonter la pente et espère voir une solution à la crise de la dette émerger des discussions franco-allemandes et des réunions la semaine prochaine des ministres des Finances européens puis de la BCE.
Sur la semaine écoulée, le CAC 40, l'indice vedette parisien, a repris 6,12% pour terminer à 2.981,96 points, ce qui réduit à 21,63% sa chute depuis le 1er janvier.
L'indice achève un trimestre noir, en plongeant de 25,12%. Il faut remonter à l'éclatement de la bulle internet à l'été 2002 pour trouver performance plus exécrable (-28,75%) sur une même période.
"Le degré de scepticisme dans la capacité des politiques à résoudre la crise en zone euro est encore élevé, alors que les craintes sur la croissance n'ont pas reculé", résume Mitul Kotecha, économiste chez Crédit Agricole CIB.
Néanmoins, "on a eu notre lot de bonnes nouvelles avec le vote de l'Allemagne et de la Finlande, sur la résolution du problème grec", estime Yann Azuelos, gérant chez Meeschaert Gestion Privée.
Le feu vert allemand était d'autant plus important que le pays est le première contributeur au Fonds européen de stabilité financière (FESF), censé venir en aide aux pays en difficulté de la zone euro.
Ce n'est pour l'heure qu'une étape, puisque quelques pays doivent encore voter et certains tardent comme les Pays-Bas et la Slovaquie.
La Grèce a de son côté vu le retour de la troïka de ses créanciers internationaux qui doit juger si le pays mérite le versement d'une prochaine tranche de prêt, de 8 milliards d'euros.
Les marchés se préparent à une semaine très chargée qui mettra à l'épreuve les attentes des places boursières sur des mesures politiques fortes.
Nicolas Sarkozy, qui rencontrait le Premier ministre grec Georges Papandréou, a annoncé vendredi après la fermeture des marchés européens qu'il se rendrait en Allemagne dans les prochains jours pour "accélérer" le plan de secours de l'euro.
"Les marchés ont espéré une résolution de la crise souveraine, en se disant que les dirigeants politiques viendraient avec des mesures concrètes pour le G20 de début novembre, en mettant à profit le mois d'octobre pour travailler dessus", explique Frédéric Buzaré, responsable de la gestion chez Dexia AM.
La première échéance se tiendra lundi et mardi prochains avec la réunion à Luxembourg des ministres des Finances européens.
Pour M. Azuelos, "on a le sentiment que la plupart des dirigeants européens veulent s'en tenir à la situation actuelle qui est d'éviter une faillite de la Grèce. Or, les investisseurs pensent que la Grèce ne s'en sortira qu'avec un défaut organisé".
Les marchés tablent par ailleurs sur une action de la Banque centrale européenne (BCE), qui se réunit jeudi, alors que le même jour un sommet sur la réforme du système monétaire international se tiendra à Berlin, avec les dirigeants du Fonds monétaire international (FMI) et de la BCE.
Les mesures susceptibles d'être prises par la BCE, comme une baisse des taux ou davantage de liquidités pour les banques, seraient d'autant plus utiles que "le ralentissement économique mondial doit encore être combattu", préviennent les économistes d'ING.
Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke, doit lui s'exprimer mardi sur le thème: "les prévisions économiques".
Plus largement, "la macroéconomie commence à retrouver ses lettres de noblesse", pour M. Azuelos, alors que certains indicateurs américains ont soutenu les marchés cette semaine et que d'autres, très surveillés, approchent.
La semaine prochaine, les marchés scruteront l'indice ISM d'activité dans les services et les chiffres du chômage pour septembre, qui figurent parmi les publications les plus attendues chaque mois.