Malmenée depuis le début de la crise financière, Natixis a enfin sorti la tête de l'eau en 2010 et n'est plus un poids pour sa maison mère BPCE, qui a publié mercredi un bénéfice multiplié par sept, retrouvant sa place parmi les grands groupes bancaires français.
En perte de 1,3 milliard d'euros en 2009, Natixis a redressé la barre et dégagé un bénéfice net de 1,7 milliard l'an passé.
Symbole des ambitions en banque de financement et d'investissement de la Banque Populaire et de la Caisse d'Epargne --fusionnées pour donner naissance à BPCE-- Natixis était entré dans une zone turbulences quelques mois après sa création, fin 2006.
Ses résultats portaient depuis la marque d'investissements risqués, principalement aux Etats-Unis dans des produits devenus emblématiques de la crise financière.
Après avoir coûté plus de six milliards d'euros en 2008 et 2009, ces actifs ont été divisés par près de deux en 2010, grâce à des cessions, et n'ont eu qu'un impact modéré sur le résultat.
Mieux, Natixis enregistre une progression, tant en revenus qu'en bénéfices, de ses trois activités principales, la banque de financement et d'investissement, l'épargne (principalement la gestion d'actifs) et les services financiers spécialisés.
Conséquence de cette publication, le titre Natixis flambait à la Bourse de Paris mercredi, gagnant plus de 5% en début d'après-midi.
"Ces résultats sont un peu meilleurs qu'attendu et que ceux, relativement, de BNP Paribas et Société Générale", a indiqué un analyste, sous couvert d'anonymat.
"Les résultats témoignent très clairement d’un certain dynamisme commercial et les choses continuent à évoluer dans le bon sens", a résumé Pierre Chedeville du CM-CIC.
Pour la maison mère de Natixis, BPCE, c'est une bouffée d'air après avoir tenu à bout de bras sa filiale, dont certains analystes ont fait remarquer qu'elle ne s'en serait pas sortie seule.
Soulagée, BPCE a également réalisé un bon millésime en banque de détail via ses réseaux sous l'enseigne Banque Populaire et Caisse d'Epargne, qui ont contribué à hauteur de 2,4 milliards d'euros au résultat.
A l'instar de leurs concurrents, ils ont bénéficié d'une amélioration de la conjoncture économique, concrétisée par une baisse des crédits impayés et une croissance forte des crédits.
"Ces résultats confirment la pertinence du rapprochement entre Banque Populaire et Caisse d'Epargne", a déclaré le président du directoire François Pérol. Une revanche, alors que ce mariage de raison, concrétisé en août 2009, avait suscité des doutes sur sa pertinence.
Fort d'un bénéfice global de 3,6 milliards d'euros, le groupe va pouvoir rembourser le solde des apports que lui avait consenti l'Etat en 2009 avec plus d'un an d'avance sur son plan de marche.
En s'acquittant de cette dernière traite de 2,2 milliards sur les 7,1 que lui avait apporté les pouvoirs publics au total, BPCE s'offre une nouvelle virginité.
"Notre groupe est un groupe bancaire qui démontre qu'il tient toute sa place dans le paysage bancaire français et au-delà", a affirmé M. Pérol.
BPCE retrouve, en effet, l'appétit, et envisage des acquisitions ciblées à l'étranger, notamment en Asie et en Afrique, à l'heure où l'application prochaine du nouveau cadre réglementaire dit Bâle III incite la plupart des acteurs du monde bancaire à la prudence.
Il a réservé à cet effet une enveloppe d'un milliard d'euros, tout en relevant assez nettement ses objectifs en matière de solidité financière à horizon 2013, date d'entrée en vigueur de Bâle III.
"Nous avons besoin de chercher un peu de diversification de nos risques et un peu de croissance", a expliqué M. Pérol.