Le patron de la deuxième banque allemande, Commerzbank, estime qu'une participation volontaire du secteur bancaire à l'aide à la Grèce ne suffira pas et appelle Athènes à se déclarer en défaut de paiement, dans un entretien publié vendredi.
"La Grèce a besoin d'une réduction de sa dette", a déclaré Martin Blessing au quotidien Bild.
Mais "des dépréciations dans le bilan des banques (ayant prêté de l'argent à la Grèce) ne suffisent pas", a-t-il ajouté, "le dernier accord entre la politique et le secteur privé n'a pas résolu le problème".
En juillet, les dirigeants européens avaient obtenu des créanciers privés de la Grèce, banques, assureurs et fonds d'investissement, qu'ils renoncent volontairement à environ un cinquième de leurs créances, détenues sous forme d'obligations émises par la Grèce.
Cet accord paraît désormais obsolète en vue des problèmes du pays, selon M. Blessing.
"A mon sens cela ne marche pas de manière volontaire", a critiqué M. Blessing, "mais seulement si la Grèce se déclare elle-même en cessation de paiement".
"Un renoncement volontaire (des créanciers à leurs remboursements) sans déclaration de faillite serait néfaste pour la crédibilité des obligations d'autres pays", affirme-t-il.
"Il faut dire clairement: les Etats ont le choix entre deux possibilités, soit ils paient leurs dettes comme prévu, soit ils se déclarent en faillite", poursuit le banquier.
Pour le moment, les dirigeants européens ont tenté d'éviter à tout prix un défaut de paiement d'Athènes, soulignant les conséquences catastrophiques que cela pourrait avoir sur toute la zone euro, notamment sur ses banques.
Une faillite de la Grèce entraînerait un besoin de recapitalisation des banques, dont beaucoup en Europe seraient touchées, reconnaît M. Blessing. Pour y faire face, "chaque banque devrait d'abord essayer de lever elle-même du capital" avant d'avoir recours à des fonds publics, selon lui.
L'Etat allemand était venu en aide à Commerzbank au coeur de la crise financière en 2008, et a pris à l'époque 25% de son capital.