La direction de PSA Peugeot Citroën va devoir s'expliquer jeudi après-midi devant les syndicats sur l'avenir du site d'Aulnay-sous-Bois pour lequel ils exigent l'engagement d'un maintien de la production, alors que celui de Sevelnord et de Madrid est aussi en suspens.
Un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire devait débuter à 13h30 locale (11h30 GMT) au siège du constructeur automobile français à Paris. Les représentants syndicaux seront reçus par le directeur industriel Denis Martin.
Cette rencontre, prévue pour durer entre deux et trois heures, devrait porter essentiellement sur Aulnay (Seine-Saint-Denis) mais le sort de l'usine de Sevelnord près de Valenciennes, fruit d'une coentreprise avec Fiat, et celui de Madrid pourrait aussi être évoqué.
Ce CCE extraordinaire fait suite à la révélation explosive par la CGT d'un document datant d'août 2010 prévoyant la fermeture du site d'Aulnay courant 2014 et remettant en question l'avenir des deux autres.
Aulnay, qui produit la Citroën C3, emploie actuellement 3.600 salariés (hors intérimaires), Sevelnord 2.600 et Madrid 2.550.
Cette annonce a fait l'effet d'une bombe. D'autant plus que Philippe Varin, à la tête de PSA depuis juin 2009, n'a jamais manqué de souligner l'ancrage du groupe en France, adoptant le rôle de bon élève alors que son concurrent national Renault se faisait taper sur les doigts par le gouvernement pour avoir envisagé de fabriquer sa Clio 4 en Turquie.
Une image sérieusement écornée par la publication de ce document interne et qui a valu à M. Varin de se faire convoquer par le ministre de l'Industrie Eric Besson à qui il a assuré que cette note était caduque.
Mercredi, ce sont les syndicats qu'il a tenté de rassurer à l'occasion d'une réunion du comité de groupe européen. La direction s'est engagée à réunir un comité stratégique paritaire d'ici fin juillet pour parler notamment de l'avenir d'Aulnay.
Pour autant, les représentants syndicaux sont restés circonspects. "Nous n'avons aucun engagement, même pas verbal", a déploré Bruno Lemerle, représentant CGT à l'issue du comité de groupe européen. "On a le sentiment que la direction essaye de gagner du temps" en réunissant ce comité paritaire en juillet, a-t-il ajouté.
"Les inquiétudes sont toujours présentes", a estimé Ricardo Madeira de la CFDT.
Les organisations syndicales vont donc revenir à la charge ce jeudi. Dans une motion qui sera lue lors du CCE, les syndicats d'Aulnay (CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, SIA, Sud) demandent à la direction de "s'engager à maintenir la fabrication de la Citroën C3 à Aulnay avec un plan de charge équivalent au moins jusqu'en décembre 2016" et "d'attribuer la fabrication de futurs modèles à Aulnay" après la fin de vie de la C3, vers 2016.
Une pétition lancée par la CGT, qui reprend ces demandes, a recueilli 2.200 signatures à Aulnay sur un effectif présent de 2.800 personnes, a fait savoir le syndicat.
A Sevelnord, la CGT du Nord/Pas-de-Calais a lancé un appel à la grève pour le 7 juillet et la direction du site a convoqué des AG pour vendredi dans les ateliers. L'usine produit actuellement des monospaces Peugeot 807, Citroën C8 et les utilitaires Peugeot Expert, Citroën Jumpy et Fiat Scudo mais l'italien a annoncé en mai son désengagement de la coentreprise après 2017.
Concernant l'avenir de Madrid, les syndicats se sont montrés plus confiants mercredi à l'issue du comité de groupe européen. La direction leur a dit qu'elle envisageait de fabriquer là-bas un nouveau modèle Citroën. PSA a déjà transféré de Poissy la production du break 207 SW à Madrid, qui récupère ainsi toutes les silhouettes de la petite citadine.