Le Fonds monétaire international (FMI) a donné mercredi un satisfecit à la gestion de la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, favorite pour prendre la tête de cette institution, qui a toutefois mis en garde le gouvernement français contre tout excès d'optimisme.
Le FMI relevé sa prévision de croissance pour la France à 2% en 2011 et 2012, contre 1,6% et 1,8% précédemment, un élément positif relevé par la ministre française dans un communiqué, qui a rendu public avec deux heures d'avance ce rapport du FMI, censé n'être diffusé qu'en début d'après-midi.
Mme Lagarde "note avec satisfaction le diagnostic positif porté par le FMI sur la situation de l'économie française". Le FMI juge en effet "adaptée la politique de relance française" tout comme "l'effort de consolidation budgétaire entrepris par la suite", relève encore la ministre française, candidate à la succession de Dominique Strauss-Kahn à la tête du Fonds.
La France devrait atteindre une "croissance robuste d'environ 2% en 2011 et 2012", écrit le Fonds dans sa déclaration de fin de mission, datée du 14 juin.
Dans ses dernières prévisions semestrielles publiées en avril, le FMI tablait sur une croissance française de 1,6% cette année puis 1,8% l'an prochain.
Le gouvernement français prévoit quant à lui une progression du Produit intérieur brut (PIB) de 2% en 2011, de 2,25% en 2012 et de 2,5% en 2013 et 2014.
"Les prévisions de croissance officielles pour 2012 et les années suivantes sont supérieures à celles du consensus des économistes et du FMI", constatent toutefois les auteurs du rapport, qui mettent en garde les autorités françaises contre l'excès d'optimisme. "Les prévisions de croissance et les autres paramètres clés sur lesquels sera bâti le budget de l'an prochain devraient être réalistes et ne pas sous-estimer les futurs besoins d'ajustement", ajoutent-ils.
Le FMI appelle donc à la mise en place d'une "agence indépendante" qui établisse des "prévisions de croissance indépendantes" ce qui "renforcerait la crédibilité du processus budgétaire". Mme Lagarde ne s'est pas prononcée sur ce point dans son communiqué.
L'effort de consolidation budgétaire, basé sur un retour en 2013 à un déficit public équivalent à 3% du PIB, repose sur un "bon équilibre entre vitesse et faisabilité", relèvent encore les experts du FMI. Ils estiment de ce point de vue que l'adoption d'un principe d'équilibre des finances publiques dit règle d'or budgétaire, actuellement discuté au Parlement français, donnerait "un signal positif fort quant à l'engagement de la France sur le long terme en faveur de finances publiques saines".
Et pour y parvenir, le rapport du FMI encourage le gouvernement à poursuivre ses efforts de réduction et d'élimination des "niches fiscales", en particulier celle prévue par la loi Scellier, qui favorise l'investissement immobilier. Le Fonds estime que cette niche a fortement contribué à l'augmentation drastique des prix du logement. Le FMI appelle d'ailleurs à la vigilance concernant l'immobilier. En cas de poursuite de la hausse des prix, il estime que les autorités seraient fondées à agir pour desserrer la contrainte sur l'offre de logement. Un message similaire a déjà été formulé par le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer.
Dans son communiqué, Mme Lagarde "prend note" de ces recommandations et relève que cette politique de suppression des niches fiscales "représentera un montant de 11 milliards d'euros" cette année.
Ce satisfecit souligne néanmoins quelques points noirs, à commencer par le chômage, en particulier celui des jeunes. Son niveau reste un motif de préoccupation, estime le FMI.