Moins à l'aise que Christine Lagarde qu'il a tout fait pour remplacer à Bercy, étroitement cornaqué par l'Elysée, le ministre des Finances François Baroin est relégué par le Financial Times en queue de peloton des grands argentiers européens.
Le palmarès annuel réalisé par un jury international de sept experts à la demande du quotidien des affaires britannique est tombé mercredi: M. Baroin occupe une peu enviable 15e place sur les 19 ministres des plus grandes économies européennes.
La comparaison est cruelle avec la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) qui, lorsqu'elle était au poste de François Baroin, avait été couronnée star européenne de la finance en 2009 et occupait encore le troisième rang il y a un an.
Le locataire de Bercy ne devance, outre son homologue danois, que les ministres d'Etats en grave difficulté financière: le Hongrois Gyorgy Matolcsy, dont le pays vient de demander une aide internationale, l'Italien Giulio Tremonti, balayé avec l'ensemble du gouvernement de Silvio Berlusconi sous la pression des marchés, et le Grec Evangélos Vénizélos.
Ce classement prend en compte "la capacité politique, la performance économique et la crédibilité sur les marchés".
Le meilleur cette année est, selon le FT, le Suédois Anders Borg, ministre non conformiste au catogan et à boucle d'oreille, grâce aux performances économiques de son pays.
L'Allemand Wolfgang Schäuble, premier l'an dernier, perd une place, le podium étant complété par le Polonais Jaceck Rostowski.
Après une année passée au Budget, François Baroin, 46 ans, est arrivé fin juin à la barre du "paquebot", le tentaculaire ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie situé rue de Bercy.
Il s'est battu pour décrocher la succession de Christine Lagarde lors de son départ à Washington, agitant même la menace d'une démission si son ami Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture et ancien titulaire des Affaires européennes, lui était préféré.
Très proche de l'ancien président Jacques Chirac mais désormais en première ligne au côté de Nicolas Sarkozy, François Baroin est très présent sur la scène politique française, multipliant les critiques contre les positions du Parti socialiste.
En revanche, alors même que la France présidait jusqu'au début du mois le G20 des principaux pays riches et émergents, cet ancien journaliste d'Europe 1 a eu du mal à s'imposer sur la scène internationale.
"Quand Baroin parle au nom de la France, je me méfie", lâche, sous couvert de l'anonymat, un responsable gouvernemental d'un autre grand pays européen, mettant en doute la crédibilité du ministre français.
Peu à l'aise en anglais, langue des cénacles financiers internationaux qu'il est pourtant amené à fréquenter assidûment, et longtemps peu familier des dossiers techniques, François Baroin contraste avec Christine Lagarde, parfaite anglophone et jugée excellente négociatrice par tous ses pairs.
Mais le ministre s'investit. Il maîtrise mieux les mécanismes très complexes du sauvetage de la zone euro et ne porte désormais plus à l'oreille le casque de traduction simultanée lorsque des questions lui sont posées en anglais en conférence de presse.
Pour autant, les vraies décisions ne se prennent pas à Bercy, selon des sources proches du dossier: François Baroin et son cabinet sont étroitement chapeautés par le secrétaire général de l'Elysée Xavier Musca, ancien patron du Trésor souvent considéré comme le "vrai ministre des Finances" et maître d'oeuvre, côté français, des négociations internationales et européennes.