La chancelière allemande Angela Merkel a inauguré jeudi le Salon de l'automobile de Francfort, auréolée du succès du sauvetage d'Opel mais contrainte de hausser le ton face aux accusations de protectionnisme. Evénement
"Nous sommes naturellement décidés à régler les problèmes qui restent dans un esprit d'équité au niveau européen", a-t-elle indiqué sur le stand d'Opel, arborant une veste rouge assortie à la nouvelle version de la petite Astra, présentée en première mondiale, au volant de laquelle elle a posé.
"Si nous n'étions pas intervenus avec le crédit-relais, au moment de la mise en faillite de General Motors, beaucoup d'Européens auraient connu des difficultés", a ajouté Mme Merkel. "C'est du donnant-donnant".
En mai, l'Allemagne a accordé un crédit de 1,5 milliard d'euros pour éviter un dépôt de bilan à la marque allemande, dans la foulée de la débâcle de sa maison-mère américaine GM.
Cette dernière a choisi la semaine dernière le candidat soutenu par Berlin pour reprendre 55% de ses activités européennes, le consortium conduit par l'équipementier canadien Magna et la banque russe Sberbank.
Mais depuis les critiques pleuvent sur le gouvernement allemand, accusé, avant les législatives du 27 septembre, d'avoir fait cavalier seul pour favoriser les usines allemandes d'Opel aux dépens de celles d'autres pays européens, comme la Belgique, la Grande-Bretagne ou l'Espagne.
"L'Europe ne doit pas laisser Berlin payer pour que les suppressions de postes soient réalisées ailleurs" et "jouer ce jeu ne va pas bénéficier aux Européens", écrivait encore jeudi le quotidien économique Financial Times dans un éditorial.
Le Premier ministre belge Herman Van Rompuy, confronté à la possible fermeture de l'usine d'Anvers qui emploie 2.600 emplois, a encore abordé la question avec Angela Merkel jeudi soir, en marge d'une réunion européenne à Bruxelles.
"Je lui ai expliqué les sensibilités et les craintes vives en Belgique", a-t-il commenté après la réunion.
La Commission européenne de son côté "va veiller à ce que toutes les décisions prises soient justes, économiquement défendables et qu'il n'existe pas un agenda caché", a prévenu Vladimir Spidla, le commissaire à l'Emploi, au quotidien La Croix de jeudi.
Une manifestation est prévue samedi en Espagne pour défendre le site proche de Saragosse (nord), où 1.700 emplois pourraient disparaître. "Nous avons toujours pensé (...) que Magna n'était pas la meilleure alternative, qu'il y en a de meilleures", avait déclaré mardi le ministre espagnol de l'Industrie Miguel Sebastian.
Au total, Magna veut supprimer 10.500 emplois, sur les 50.000 que comptent Opel et sa marque jumelle britannique Vauxhall en Europe. L'Allemagne, qui regroupe la moitié des effectifs, devrait perdre 4.000 postes mais conserver ses quatre sites de production.
Opel, de son côté, renvoie sur les négociations en cours avec Magna/Sberbank pour aboutir à un accord définitif, dont la signature pourrait intervenir début octobre.
"Il y a actuellement une foule de gens qui donnent leur avis, et la plupart ne savent absolument pas de quoi ils parlent", a affirmé Hans Demant, le patron d'Opel, dans un entretien à l'AFP.
"On peut dire que cela n'ira pas sans suppressions d'emplois. La question de savoir où on les fait, comment on les fait, et comment on les équilibre, entre les différents pays européens, sera justement la tâche des prochaines semaines", a ajouté le dirigeant.
Il estime parvenir "relativement rapidement" à un contrat. "Il n'y a pas tant de choses que cela qui doivent être négociées", a estimé M. Demant. GM et Magna/Sberbank doivent notamment finaliser le paquet d'aides publiques assorties à la reprise d'Opel, d'un montant total de 4,5 milliards d'euros.