Les syndicats de l'aérien, fortement opposés à une proposition de loi encadrant davantage les conflits, ont lancé un large appel à la grève de lundi à jeudi, notamment auprès des pilotes et hôtesses ou stewards, ce qui devrait occasionner des perturbations dans les aéroports.
Le principal syndicat de pilotes, le SNPL, les syndicats Unac, SNPNC et Unsa d'hôtesses, ainsi que les fédérations FO, CFDT, Unsa et CGT de l'aérien appellent les personnels des compagnies et de leurs prestataires (agents en escale, avitailleurs, bagagistes, etc.) à se mobiliser.
Air France prévoit néanmoins d'assurer 80% de ses vols court et moyens-courriers ainsi que 85% de ses vols longs-courriers. Toutefois la compagnie avertit que ces pourcentages veut être revus en fonction du nombre de personnels qui se présenteront au travail, ceux-ci n'étant pas contraints de se déclarer grévistes.
Pour sa part, easyJet déclare "ne pas prévoir de perturbations majeures sur ses vols au départ ou à destination des aéroports français", malgré l'appel à la grève.
"Nous appelons à la grève, du 6 au 9 février inclus, dans toutes les compagnies aériennes françaises, en métropole et hors métropole", a indiqué vendredi soir à l'AFP Yves Deshayes.
"Le gouvernement a choisi de passer en force, nous n'avons pas d'autre choix aujourd'hui que d'entrer en conflit", a-t-il ajouté en faisant état d'un rendez-vous avec le gouvernement cette semaine et d'"une fin de non-recevoir sur nos préoccupations".
Le SNPL a précisé que parmi les personnels au sol certains feraient grève et que d'autres seraient "dans l'action via d'autres moyens" comme des rassemblements.
La proposition de loi du député UMP Eric Diard a été adoptée en première lecture le 24 janvier à l'Assemblée et saluée par le ministre des Transports Thierry Mariani comme un progrès pour "le droit des passagers".
Le texte prévoit notamment d'imposer aux grévistes l'obligation de se déclarer individuellement 48 heures à l'avance, une mesure jugée "inacceptable" par les syndicats qui y voient une atteinte au droit de grève.
Il prévoit aussi un devoir d'information pour les compagnies avec des prévisions de trafic 24 heures à l'avance.
Ce texte est inspiré de ce qui existe dans les transports terrestres depuis 2007, notamment à la SNCF et la RATP où il n'y a pas de service minimum à proprement parler (pas de réquisitions possibles) mais un service optimisé grâce à une organisation en amont des moyens humains disponibles.
Là, il s'appliquerait au secteur privé, où il n'y a ni monopole, ni obligation de service public, à l'exception de quelques dessertes (Corse, Dom-Tom).
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Les syndicats de l'aérien ont formé un front inédit. "De mémoire de syndicaliste, il n'y a jamais eu une telle unité syndicale du monde aérien dans un conflit", a souligné Yves Deshayes.
Le SNPL, qui avait réuni vendredi ses instances nationales, a entériné la reconduction de la grève au-delà du 9 février, immédiatement ou à un autre moment en février.
Le Sénat doit examiner le texte le 15 février, en première lecture. En cas de rejet -probable- se réunira une commission mixte paritaire, avant une dernière lecture par l'Assemblée.
Les vacances scolaires d'hiver s'étalent du 11 février au 11 mars.
"On ne va pas appeler à une grève dure de quatre jours au sol, mais il y aura un temps fort le lundi 6 et après on décidera au jour le jour", a indiqué David Ricatte, responsable CGT à Air France.
Pour Yves Deshayes (SNPL), "au moment où Air France dénonce tous les accords collectifs d'entreprise, le gouvernement veut restreindre le droit de grève, je crois que les salariés ont pris conscience du piège et que la mobilisation sera très forte".
Des rassemblements sont prévus lundi matin à Roissy et Orly, ainsi que sur d'autres plateformes aéroportuaires.