Les présidents français et brésilien, Nicolas Sarkozy et Luiz Inacio Lula da Silva, sont attendus lundi à Genève pour un mini-sommet de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur la crise de l'emploi, qui menace de mettre au chômage 50 millions de personnes dans le monde en deux ans.
L'Elysée a d'ores et déjà annoncé que Nicolas Sarkozy allait faire "un discours important", dans lequel il devrait exposer "sa vision du modèle social qu'il souhaite voir émerger de la crise".
Le président français, qui a rencontré spécialement les responsables des syndicats en vue de ce discours, devrait notamment demander que les sujets économiques, financiers et sociaux soient traités de pair et que le rôle de l'OIT soit renforcé au sein du G20.
Accompagné de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et du ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville, Brice Hortefeux, Nicolas Sarkozy doit également profiter de l'occasion pour un déjeuner en tête à tête avec le président Lula.
L'allocution de ce chantre des questions sociales, qui pourrait une nouvelle fois défendre la construction d'un nouvel ordre économique mondial basé sur la distribution des richesses, est également très attendue lundi matin.
Outre MM. Sarkozy et Lula, l'OIT attend également une dizaine de chefs d'Etats et de gouvernement, dont le Polonais Lech Kaczynski, la Finlandaise Tarja Halonen et l'Argentine Cristina Kirchner, des ministres du Travail, des représentants d'organisations syndicales et patronales pour son sommet du 15 au 17 juin.
Coordination régionale et mondiale, coopération pour le développement, gestion des agendas nationaux en matière d'emploi ainsi que le droit au travail sont au programme des trois jours qui seront le point de mire de la conférence annuelle de l'OIT (du 3 au 19 juin).
"C'est un évènement politique destiné à mettre en lumière l'importance d'un leadership politique qui mette au programme (des gouvernements, ndlr) les questions d'emploi et de protection sociale", a expliqué le directeur du secrétariat de l'OIT, Juan Somavia dans un petit-déjeuner de presse vendredi.
L'objectif est de réduire au maximum la durée de la crise de l'emploi, qui pourrait s'étaler sur "six à huit ans" et se prolonger bien au delà de la crise économique si, selon lui, "on laisse les choses en l'état".
L'idée défendue par M. Somavia n'est ni "de crier au loup" ni de "déclarer victoire trop vite", mais de proposer aux gouvernements un "portefeuille d'options" devant leur permettre de remédier au cas par cas à une situation qui, globalement, comporte de "grands risques pour la stabilité sociale et politique de la planète".
Le directeur du BIT (lequel sert de secrétariat à l'OIT) espère bien à terme faire signer aux 183 membres de l'organisation son "Pacte mondial pour l'emploi" qui tend à mettre la lutte contre le chômage au centre des gigantesques plans de relance.
Car l'urgence est là, ne cesse-t-il de clamer. Selon les prévisions les plus sombres de l'organisation, le nombre de chômeurs dans le monde devrait effectuer un bond inégalé en 2009, avec 39 à 59 millions de sans-emploi de plus qu'en 2007.
Sur la base d'une contraction de l'économie mondiale de 1,3% prévue par le Fonds monétaire international (FMI), l'organisation table désormais sur un record absolu de 210 à 239 millions de chômeurs sur la planète pour l'année, soit un taux de chômage compris entre 6,8 et 7,4%.
Les jeunes, les travailleurs pauvres, les femmes et les actifs de l'économie informelle particulièrement importante dans les pays les plus défavorisés devraient en être les premières victimes, s'alarme le BIT insistant sur le risque de créer une poudrière sociale.