Les marchés financiers sont restés nerveux jeudi, minés par les incertitudes sur la mise en oeuvre du plan de sauvetage grec et sur la dette américaine, couplées à une avalanche de résultats de sociétés.
En proie à des tensions persistantes, les Bourses européennes se sont enfoncées dans le rouge: Francfort reculait de 1,55%, Paris de 1,23%, et Londres de 0,68%, peu avant 14h00 (12h00 GMT).
"Le marché a peur et rien n'est là pour le rassurer", résume Xavier de Villepion, vendeur d'actions chez Global Equities.
Une semaine après le sommet extraordinaire à Bruxelles qui a adopté un nouveau plan de sauvetage pour la Grèce, le scepticisme est de retour. Les investisseurs s'inquiètent des modalités de l'application du plan et redoutent une contagion de la crise à l'Italie et l'Espagne.
Signe des crispations persistantes sur le marché de la dette, l'Italie, qui a émis jeudi 7,966 milliards d'euros d'obligations, a dû faire face à une forte hausse des taux d'intérêt.
"On sent bien que le plan européen n'a pas du tout calmé le marché", commente Jean-François Robin, analyste de la banque Natixis.
Sanction attendue, l'agence Standard and Poor's a abaissé mercredi soir la note de la Grèce, la plaçant à deux crans du défaut de paiement. Elle craint des "pertes pour les créanciers privés".
La Grèce a entamé jeudi des discussions sur la délicate procédure d'échange volontaire d'obligations de sa dette détenues par les banques privées. "Ce matin l'application des décisions du sommet de la zone euro a commencé", a annoncé le ministre des Finances Evangélos Vénizélos.
Son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, avait jeté un froid sur les marchés mercredi, en refusant de "signer un chèque en blanc" pour le rachat d'obligations de pays en difficulté par le Fonds européen de stabilité financière (FESF).
La morosité prévalait aussi en Asie: la Bourse de Tokyo a clôturé en baisse de 1,45%, Shanghai a reculé de 0,54%, alors que Hong Kong a terminé sur une petite hausse de 0,13%.
Les nombreuses publications de résultats n'arrivaient pas à redonner le moral aux investisseurs.
"Les résultats des entreprises notamment en Allemagne, considérés pourtant comme le moteur de la croissance en Europe, sont décevants", a jugé Xavier de Villepion.
Particulièrement chahutés, les titres des banques comme le Credit Suisse, en baisse de près de 4% après l'annonce de la suppression de 2.000 emplois, et les actions du secteur automobile comme Volkswagen (-5,94%).
La déception était aussi palpable face aux indicateurs macroéconomiques. Ainsi, la banque centrale des Etats-Unis (Fed) a estimé mercredi que le rythme de croissance de la première économie mondiale avait récemment ralenti.
Wall Street a fini en forte baisse mercredi, en l'absence d'avancée dans les négociations sur la dette américaine: le Dow Jones a perdu 1,59% et le Nasdaq 2,65%.
La Maison Blanche affirme qu'un compromis est toujours "essentiel et possible" pour relever le plafond de la dette, à cinq jours de l'échéance après laquelle les Etats-Unis risquent un défaut de paiement.
Même inquiétude du côté des dirigeants européens: "Je pense que le gouvernement américain et l'opposition vont trouver un accord mais on ne peut en être totalement sûr", a estimé le chef du FESF, Klaus Regling.
Face à un dollar plombé par la dette, le cours de l'euro était très fluctuant: peu avant 14h00 (12H00 GMT), la devise européenne baissait, cotant 1,4284 dollar contre 1,4363 mercredi soir.