Le gouvernement australien va mettre en place une taxe carbone de 23 dollars australiens (17,2 euros) par tonne émise, une fiscalité verte se rapprochant de celle existant en Europe, afin de lutter contre le réchauffement climatique, a-t-il annoncé dimanche.
Le Premier ministre Julia Gillard a l'intention d'imposer aux 500 premiers pollueurs du pays une taxe sur leurs émissions de gaz à effet de serre, dans le but de réduire la pollution, de modifier l'usage de l'énergie et de favoriser l'investissement dans les énergies propres.
Une taxe d'un montant fixe de 23 dollars australiens sera ainsi créée dès la mi-2012, préalable à la mise en place en 2015 d'un schéma d'échange de quotas d'émissions (ETS).
"En tant que nation, il nous faut fixer un prix à l'émission de carbone et créer un futur énergétique propre", a déclaré Julia Gillard lors d'une conférence de presse à Canberra.
A partir de 2015, cette taxe cèdera la place à un schéma d'échange de quotas d'émissions aux prix variables, fixés par le marché. Un prix plancher et un prix maximum seront toutefois établis par le gouvernement pendant les trois premières années, afin d'éviter de brutales fluctuations.
"Il n'existe rien de réellement systématique dans le reste de la région," a noté le professeur John Quiggin, de l'université d'économie du Queensland.
"Bien sûr, de leur côté la Chine et l'Inde prennent toutes sortes de mesures à grande échelle... et ils entreprennent vraiment des choses importantes; toutefois en termes de mise en place d'un système de taxe carbone généralisé et systématique, il s'agit là d'un engagement majeur", a-t-il déclaré à l'AFP.
Tony Wood, du groupe de réflexion Grattan Institute de l'université de Melbourne, voit dans le projet australien un "schéma d'échange de quotas d'émissions en devenir".
"Il me semble que c'est fondamentalement un ETS et qu'il se rapproche donc beaucoup de ce qui existe en Europe ou en Nouvelle Zélande", a-t-il ajouté, estimant que cet ETS sera le plus vaste hors d'Europe.
Julia Gillard, dont le gouvernement travailliste est actuellement au plus bas dans les sondages, a estimé que cette réforme incitera les principaux pollueurs à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
En parallèle, le gouvernement créera une structure dotée d'un budget de 10 milliards de dollars canadiens (7,5 mds EUR) et visant à financer des projets innovants dans les énergies renouvelables.
L'industrie du charbon recevra quelque 1,3 milliards de dollars australiens (980 M EUR) pour préserver l'emploi et compenser le coût financier de la nouvelle taxe pendant cinq ans.
Les ressources budgétaires dégagées par cette taxe iront principalement, pendant les trois premières années, au financement de mesures sociales (hausse des allocations familiales, des pensions de retraites, baisse de l'impôt sur le revenu), afin de contrebalancer le renchérissement des produits manufacturés et des services induit par sa prise en compte.
La taxe carbone compte nombre d'opposants en Australie, l'un des pays affichant un taux d'émissions de gaz à effet de serre par habitant parmi les plus élevés au monde, en raison de sa forte dépendance à l'énergie thermique et de son importante industrie minière.
L'opposition conservatrice a rué dans les brancards contre ce projet, fruit d'un compromis entre les travaillistes et les Verts, son leader Tony Abbott fustigeant dimanche un "socialisme déguisé en défense de l'environnement".
Selon lui, cette taxe va appauvrir des millions d'Australiens et menacer l'emploi, sans parvenir à réduire l'émission de gaz à effet de serre.