Les banques françaises comptent en Europe parmi les championnes des frais cachés onéreux et peu compréhensibles pour leurs clients, a dénoncé la Commission européenne dans un rapport publié mardi.
La gestion d'un compte courant en France --le compte sur lequel sont versés les salaires et sont effectuées la plupart des transactions-- revient en moyenne à 154 euros, ce qui place les banques françaises dans le peloton de tête des plus chères, en troisième position derrière l'Italie (253 euros) et l'Espagne (178 euros).
L'écart est parfois considérable avec les autres pays de l'UE. La Belgique facture ainsi la gestion d'un compte courant 58 euros, la Bulgarie 27 euros.
L'Association française des usagers des banques (Afub) a qualifié, dans un communiqué, ces résultats de "désaveu" pour les banques françaises, "qui soutenaient jusqu'à présent être dans la moyenne des frais au regard de leurs homologues européens".
Outre les tarifs, la Commission dénonce le manque de transparence des banques françaises. Les auteurs de l'enquête ont ainsi été contraints de se déplacer dans plus de 50% des banques en France pour obtenir des informations demandées.
La Fédération bancaire française (FBF) "s'étonne des résultats de l'enquête de la Commission européenne", a-t-elle fait savoir dans un communiqué, assurant qu'"il est impossible d'apprécier [leur] fiabilité".
Elle cite les conclusions d'une étude publiée en 2009 par Capgemini et l'Association européenne de management et marketing financiers qui placent la France en-dessous de la moyenne européenne sur le plan tarifaire.
La FBF fait valoir des différences entre profils de consommateurs en Europe et souligne que le Français "est un grand utilisateur de services bancaires", "avec des attentes exigeantes en termes de qualité et de diversité".
La Fédération plaide également pour une prise en compte "globale" de la relation entre banque et client, qui intègre notamment le faible niveau des taux d'intérêt en France, "parmi les plus bas d'Europe".
"Les frais bancaires sont un sujet sur lequel le gouvernement est très attentif", a commenté l'entourage de la ministre de l'Economie Christine Lagarde.
Il a rappelé les mesures mises en place depuis l'arrivée de Mme Lagarde, principalement le plafonnement des frais pour les incidents de paiement, les dispositions favorisant la mobilité bancaire et l'introduction d'un récapitulatif annuel des frais bancaires.
Le rapport pointe par ailleurs un autre problème, général à l'UE: la fiabilité des conseils, souvent faussée par des conflits d'intérêts.
Les employés chargés de vendre des produits de banque sont motivés par des commissions ou des bonus qui les incitent à placer ceux conseillés par leur établissement, même s'ils ne sont pas les mieux adaptés aux demandes de leurs clients.
Tous ces obstacles sont autant d'entraves pour les consommateurs, qui ne sont pas en mesure de comparer et hésitent à changer de banque.
La Commission juge ces pratiques inacceptables, mais elle n'envisage pas d'agir et ne formule aucune menace. Elle va néanmoins sommer les autorités nationales de prendre des mesures pour mettre un terme aux pratiques qui violent les règles communautaires.
L'enquête a porté sur 224 banques de l'UE représentant 81% du marché.
"Ces informations se révéleront inutiles si elles ne sont pas suivies de mesures concrètes et rapides", a averti Monique Goyens, directeur général du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), dans un communiqué.