PARIS (Reuters) - Un présumé djihadiste a été expulsé dans la nuit de mercredi à jeudi de la Turquie vers la France et devait être présenté jeudi à un juge d'instruction antiterroriste, a-t-on appris de sources française et turque.
Ce Français faisait l'objet d'un mandat d'arrêt européen dans le cadre d'une enquête ouverte le 11 janvier dernier pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, a précisé une source judiciaire française, confirmant une information d'Europe 1.
Arrêté à proximité de la frontière syrienne autour du 6 janvier, il était avec sa femme et leur enfant, également expulsés, et faisait partie d'un groupe de personnes qui tentait de gagner la Syrie, selon un officiel turc.
Cheikhou Diakhaby, n'a jamais été condamné pour des faits de terrorisme en France, mais était parti en Irak en 2004, dit une source proche du dossier.
Il avait été arrêté début janvier en Bulgarie aux côtés de Fritz-Joly Joachin, qui doit être bientôt extradé vers la France et a admis connaître les frères Saïd et Chérif Kouachi, auteurs de l'attaque contre Charlie Hebdo le 7 janvier dernier.
Les deux hommes voulaient alors rejoindre la Turquie.
A l'issue de cette interpellation, Fritz-Joly Joachin, visé par un mandat d'arrêt européen pour enlèvement d'enfant après une plainte de sa femme, a été retenu par les autorités bulgares. Il voyageait avec son fils de trois ans qu'il comptait emmener en Syrie.
UN LIEN AVEC CHÉRIF KOUACHI ?
Cheikhou Diakhaby, lui, n'a pas été retenu en Bulgarie et a rejoint la Turquie.
Dix jours plus tard, un mandat d'arrêt européen a toutefois été émis à son encontre - ainsi que contre Fritz-Joly Joachin - pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, permettant son expulsion la nuit dernière.
Fritz-Joly Joachin, Français d'origine haïtienne converti à l'islam, était connu des autorités françaises pour ses liens avec les filières irakiennes, auxquelles Chérif Kouachi a appartenu et qui lui ont valu d'être condamné en mai 2008 à trois ans de prison.
Il a admis connaître les frères Saïd et Kouachi mais a démenti connaître leur projet d'attentat.
Un éventuel lien entre Cheikhou Diakhaby et Chérif Kouachi est donc possible, même s'il n'est pas avéré à cette heure, estime une source proche du dossier.
L'enquête qui vise Fritz-Joly Joachin et Cheikhou Diakhaby est distincte de celle sur les attentats djihadistes qui ont fait 17 morts en France, insiste une source judiciaire.
Leurs dépositions pourraient toutefois intéresser les enquêteurs, qui ont jusque-là principalement avancé sur le volet Coulibaly, et non sur le volet des frères Kouachi, comme l'a dit mercredi le procureur de Paris.
Quatre hommes âgés de 22 à 28 ans soupçonnés d'avoir apporté une aide "logistique" à Amedy Coulibaly, qui a tué une policière et quatre juifs début janvier en Ile-de-France, ont été mis en examen et placés en détention provisoire.
(Chine Labbé, avec Jonny Hogg à Ankara, Turquie, édité par Yves Clarisse)