Le conseil d'administration d'Accor a approuvé mardi, à l'unanimité moins une voix, le projet de scission des deux métiers du groupe --l'hôtellerie et les services--, opération très attendue par les marchés mais redoutée par les salariés.
Sur les onze administrateurs présents, dix ont voté oui, un seul représentant le Fonds stratégique d'investissement (FSI, 7,4% du capital) a voté non. Enfin, un administrateur absent, Thomas Barrack (DG Fondateur de Colony Capital), avait donné un pouvoir pour voter en faveur, a précisé le PDG du groupe Gilles Pélisson lors d'une conférence téléphonique.
"Une séparation instaurerait une dynamique nouvelle, solide et pérenne pour chaque entité leader mondial dans son domaine", a commenté le patron, cité dans le communiqué.
"Cette séparation constituerait également un accélérateur de développement pour l’hôtellerie comme pour les services prépayés ...", a-t-il ajouté.
M. Pélisson a indiqué lors de la conférence qu'il prendrait, à l'issue de la scission, la tête de l'entité hôtellerie.
De son côté, Jacques Stern, actuel directeur général en charge des finances, est nommé directeur général délégué d'Accor et prend les rênes de la branche services.
Le projet nécessitait une majorité simple (7 voix). Pour être mis en oeuvre, il devra désormais être soumis au vote des actionnaires lors d'une assemblée générale devant se tenir avant fin 2010 et recueillir l'aval des deux tiers des actionnaires présents.
Evoquée depuis quelques années, la séparation des activités pour créer deux entités cotées en Bourse avait longtemps été rejetée par la direction, qui jugeait alors nécessaire de les conserver dans une même structure pour amortir les aléas conjoncturels.
Mais l'absence de synergies entre les deux branches, qui s'est traduite par une sous-cotation du titre en Bourse, a progressivement amené la direction à reconsidérer la question.
Mardi, le titre a terminé en baisse de 1,05% à 38,14 euros dans un marché stable.
Mardi, Gilles Pélisson a argué que cette scission était d'autant plus pertinente que les deux métiers s'étaient profondément transformés ces dernières années.
Actuellement valorisé environ 8,6 milliards d'euros, Accor souffre du déséquilibre entre ses métiers. Les services, valorisés de 5 à 6 milliards, génèrent peu de chiffre d'affaires (13% en 2008) mais sont très rentables (40% du bénéfice en 2008).
La scission est portée par les principaux actionnaires qui entendent valoriser au mieux les métiers: le fonds américain Colony Capital et la société d'investissement Eurazeo qui détiennent ensemble près de 30% du capital et 4 voix au conseil.
Ils ont confirmé, dans un communiqué, leur "volonté de soutenir dans la durée les deux sociétés qui résulteront de cette séparation".
Le FSI, détenu majoritairement par la Caisse des dépôts, juge de son côté l'opération "risquée" et défend un modèle industriel face à une logique d'investisseurs.
De leur côté, les salariés redoutent les conséquences sociales.
"La crise économique est encore très très présente, les salariés sont très inquiets", a déclaré à l'AFP Iliane Dumas, élue syndicale FO.
Elle a souligné que les salariés s'inquiètent de la montée en puissance de la stratégie de développement des hôtels en franchise et sans être propriétaire des murs.
Gilles Pélisson a assuré mardi qu'il n'y aurait pas de suppressions d'emplois.
Interrogé enfin sur la répartition de la dette (1,5 milliard attendue fin 2009), il a répondu que cette question était "trop prématurée".
"Ce que l'on sait, c'est qu'on est capable d'avancer et d'avoir (...) deux belles entreprises à proposer sur les marchés", a-t-il dit.