La chancelière allemande Angela Merkel a qualifié jeudi d'"idée très charmante" la proposition franco-britannique de taxer exceptionnellement les bonus des banquiers, mais l'Allemagne n'entend pas pour sa part légiférer et s'en remet à un engagement volontaire des banques.
"Je trouve que l'idée dans la City de Londres, si j'ai bien compris, d'introduire un impôt à titre exceptionnel est une idée très charmante, qui pourrait peut-être avoir des vertus pédagogiques", a déclaré Angela Merkel à l'issue du congrès du Parti populaire européen (PPE) à Bonn (ouest).
Elle a en outre rappelé que les contribuables ne devaient pas supporter seuls le fardeau financier de la crise économique et que "les banques et leurs employés aussi" devaient le faire.
Dans une tribune conjointe dans le Wall Street Journal jeudi, le Premier ministre britannique Gordon Brown et le président français Nicolas Sarkozy ont préconisé "un impôt exceptionnel assis sur les primes versées", "parce que les bonus pour 2009 sont en partie le résultat du soutien apporté par les Etats au système bancaire".
Selon la presse française, la France va ainsi taxer à 50% les bonus des banquiers supérieurs à 27.000 euros, emboîtant ainsi le pas à la Grande-Bretagne, une information partiellement confirmée jeudi par la présidence française qui a souligné que "la forme n'est pas arrêtée".
Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble ne semblait jeudi pas enclin à suivre l'exemple de ses partenaires. "Je ne suis pas partisan de la régulation de tout (sujet) par l'Etat", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Le ministre avait en revanche appelé les banques du pays à s'engager volontairement à respecter certaines règles concernant les bonus, et ses prières ont été entendues: les principaux instituts allemands ont signé une déclaration d'engagement volontaire à respecter les règles définies par le sommet G20 de Pittsbrugh sur le sujet, et ce dès 2009, a indiqué lors de la même conférence de presse le patron de Deutsche Bank, Josef Ackermann.
Deutsche Bank, Commerzbank, Hypovereinsbank (Unicredit) et les principales banques publiques régionales font partie des signataires, de même que les assureurs Allianz, Munich Re et Talanx.
Cette solution va dans le sens du nouveau partenaire de gouvernement libéral de Mme Merkel, le FDP, profondément opposé à une solution à la britannique.
"Introduire un tel impôt exceptionnel, c'est de la folie pure. 50% sur les bonus, et pour les joueurs de football qui encaissent une prime de résultat, peut-être encore 30%, et pour les députés 10%... c'est dingue. Faire des impôts à la carte en fonction des catégories professionnelles: nous ne marchons pas!", a tempêté le libéral Hans-Joachim Otto, secrétaire d'Etat à l'Economie, sur la chaîne de télévision N24.