La Grèce, dont le ministre des Finances Georges Papaconstantinou boucle jeudi à Paris et Francfort une mini-tournée de séduction en Europe, tente de convaincre des investisseurs internationaux peu friands de dette grecque que la tempête du printemps est passée.
"Le climat est bien, bien, bien meilleur qu'il y a quelques mois", assure-t-on dans la délégation grecque.
Après Londres la veille, le grand argentier hellène a poursuivi jeudi matin dans la capitale française ses entretiens "à un rythme très soutenu" avec des banquiers, des patrons et des investisseurs institutionnels, a-t-on expliqué dans son entourage.
Il s'est aussi entretenu avec son homologue française Christine Lagarde et devait s'envoler dans la foulée pour Francfort, siège de la Banque centrale européenne (BCE), où il terminera son tour des principales places financières du continent.
Le leitmotiv est simple et Georges Papaconstantinou l'a martelé dans le Financial Times, quotidien britannique des milieux d'affaires: "il n'y aura pas de restructuration" de la dette grecque car "cela briserait fondamentalement l'unité de la zone euro".
Ce risque s'est éloigné à la faveur de l'aide exceptionnelle apportée in extremis à Athènes au printemps par l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI). Mais certains analystes n'excluent pas que la menace ressurgisse en 2013, au terme des trois années pendant lesquelles la Grèce se trouvera sous perfusion du prêt de 110 milliards d'euros de la zone euro et du FMI.
Tant qu'ils ne seront pas persuadés que ce pays ne restructurera pas sa dette colossale, une décision qui impliquerait une suspension de paiement, les investisseurs refuseront à Athènes des prêts à long terme, jugés trop risqués. Ce refus oblige la Grèce à multiplier les levées de fonds et les remboursements à court terme, la soumettant à une pression permanente des marchés.
Or le gouvernement grec entend revenir dès 2011 sur le marché des emprunts à long terme. C'est tout l'objet de l'opération de séduction de Georges Papaconstantinou.
Selon un membre de la délégation hellène, "le ministre présente aux partenaires les progrès que nous avons réalisés jusqu'ici dans le programme d'ajustement budgétaire", nom officiel de la cure de rigueur sans précédent infligée aux Grecs en échange de l'aide internationale.
Dès cette année, Athènes doit réduire drastiquement son déficit public qui doit passer de 14% du Produit intérieur brut (PIB) en 2009 à 8,1% fin 2010.
Le ministre grec peut afficher de bons résultats: sur les huit premiers mois de l'année, il a fait mieux que ses objectifs initiaux et le FMI prédit désormais un déficit à 7,9% en 2010.
Mais le Fonds prévient aussi que le second semestre sera plus compliqué, avec notamment des recettes qui pourraient se contracter fortement avec le recul de l'activité.
Car tant d'austérité laissera des traces et la Grèce ne devrait pas sortir de la récession avant 2012. La rigueur "va prolonger la crise économique et plonger le pays dans une longue période de récession les prochaines années", affirme dans une étude l'Institut du travail, proche des syndicats grecs.
Du coup, le gouvernement souhaite aussi démontrer qu'une embellie est envisageable.
"Nous avons déjà passé beaucoup de réformes structurelles qui peuvent doper la croissance", souligne-t-on côté grec. "Si nous continuons dans cette voie, déterminés à réduire le déficit et à promouvoir les réformes, cela apportera une croissance plus durable".