Les syndicats d'ArcelorMittal ont organisé mercredi une journée d'action à l'échelle européenne, avec des grèves et une grande manifestation à Liège (Belgique), pour dire leur inquiétude sur l'emploi dans la sidérurgie après des mesures temporaires ou définitives de réduction d'activité.
A Liège, entre 15.000 (police) et 40.000 (syndicats) personnes ont défilé dans le centre de la ville, l'un des berceaux de la sidérurgie européenne menacé de voir disparaitre ses deux hauts-fourneaux et son aciérie. ArcelorMittal avait racheté le site en 2004.
Cette fermeture va entraîner la perte de 580 emplois sur le site mais aussi de 1.500 à 2.000 emplois indirects, ce qui explique la mobilisation de la population au côté des salariés d'ArcelorMittal.
Les transports en commun étaient à l'arrêt, les cours dans l'enseignement public et les guichets des administrations locales fermés en signe de solidarité.
A Florange (Moselle), où travaillent près de 3.000 salariés, l'inquiétude est aussi vive depuis l'arrêt des deux hauts-fourneaux du site - l'un en juillet, l'autre en octobre - ce qui occasionne du chômage partiel.
"Il y a des rotations pour le chômage partiel car il faut des ouvriers pour surveiller les installations", a expliqué Xavier Le Coq, délégué CFE-CGC.
Le groupe a d'ores et déjà annoncé que la mise en veille de la production serait prolongée au premier trimestre 2012 à Florange.
Du coup, les salariés, de la production comme dans les bureaux, seront soumis à des journées de RTT imposées et de chômage partiel.
"Il sera vital pour le site de Florange de redémarrer les hauts-fourneaux au deuxième trimestre 2012", a estimé mercredi Xavier Le Coq (CFE-CGC).
Toute la journée, le site de Florange a été bloqué dans le cadre d'une initiative intersyndicale, la CGT ayant précisé que "ces blocages se déroulaient dans le calme".
A Londres, la Fédération européenne de la métallurgie (FEM) a qualifié la journée d'"énorme succès" et estimé que 10 à 20% de la production européenne avait été touchée.
La direction du groupe a confirmé les arrêts de production à Liège et Florange et fait état de quatre autres sites touchés au Luxembourg, où des réductions temporaires de production ont aussi eu lieu.
"La majeure partie des sites industriels du groupe est épargnée malgré quelques actions symboliques", selon Willie Smit, le DRH du groupe.
ArcelorMittal met en avant "une surcapacité structurelle aujourd'hui en Europe" pour expliquer les mesures de réduction de production prises ces derniers mois sur un dizaine de sites européens.
D'autres sidérurgistes, comme l'Allemand Thyssenkrupp, ont réduit leur production en Europe.
"La demande d'acier en Europe est toujours à environ seulement 75% du niveau d'avant crise" (avant 2008) et nous n'anticipons pas de retour rapide au niveau d'avant crise", estime le groupe.
En France, des débrayages ont eu lieu sur plusieurs sites dont Dunkerque et Montataire (Oise), selon des sources syndicales.
En République tchèque, plusieurs centaines de salariés se sont rassemblés devant le site d'Ostrava dans l'ouest du pays, où quelque 600 emplois (10% des effectifs) vont être supprimés.
En Macédoine, les salariés se sont rassemblés en signe de solidarité mais la production n'a pas été touchée, a indiqué à l'AFP le responsable d'ArcelorMittal dans ce pays.
Selon Xavier Le Coq (CFE-CGC), la recherche va aussi être touchée par des mesures d'économie: "ArcelorMittal a annoncé hier (mardi) une réduction de 15% des budgets de recherche, c'est préoccupant et nous allons aborder la question en comité de groupe européen".