Le groupe pharmaceutique Sanofi a annoncé mardi une réorganisation en France qui devrait se traduire par la suppression de 900 postes d'ici 2015, inférieur à ce qui était redouté par les syndicats qui estiment néanmoins ce chiffre sous évalué et proche de 1.500.
Le groupe, qui a dégagé un bénéfice net de 5,7 milliards d'euros en 2011, présentera aux partenaires sociaux dans les prochains jours un projet d'évolution de ses activités qui pourrait conduire "à l'horizon 2015, à la réduction d'environ 900 postes en France", a détaillé la direction mardi.
Sanofi "entend mener ces évolutions essentiellement au travers de mesures de volontariat", qui "consisterait en des aménagements de fin de carrière, des propositions de mobilité et de repositionnement en France", précise le laboratoire.
L'entreprise dévoile ainsi son plan, évoqué initialement le 5 juillet, sans avoir pu tenir de comités centraux d'entreprise (CCE), pourtant convoqués mardi. Les élus du personnel ont refusé de s'y rendre, après avoir dénoncé l'irrégularité de la convocation.
"Nous allons envoyer rapidement les documents aux partenaires sociaux et les réunions débuteront mi-octobre", a précisé le président de Sanofi France, Christian Lajoux, joint par l'AFP.
Le sort des sites de Toulouse et Montpellier
"Ce chiffre (de suppression de 900 postes) masque la réalité, on pense tous qu'ils n'ont pas comptabilisé au moins les 640 salariés de Toulouse, et peut-être les 200 à 300 salariés de Montpellier", a déclaré à l'AFP Rémi Barthes, coordonnateur CFE-CGC groupe qui estime les suppressions de postes à "plus de 1.500".
Même raisonnement pour Pascal Vially, de la CFDT, premier syndicat du groupe: "Si Toulouse était inclus, elle (la Direction) aurait du coup expliqué l'avenir des salariés de Toulouse. Là, elle n'en parle pas", fait-il valoir.
Interrogée par la suite, la direction a précisé que l'évaluation des suppressions de postes annoncée ne concernait pas Toulouse. La vocation du site "reste à préciser", a-t-elle indiqué. Un groupe de travail "réunissant les représentants de Sanofi, du gouvernement et des acteurs publics locaux" sera prochainement mis sur pied pour rechercher des solutions.
L'objectif de Sanofi, selon Christian Lajoux, "est de maintenir une vocation scientifique sur le site de Toulouse". "Il n'y aura pas de désengagement de Sanofi quant à sa participation à l'Oncopole", le Centre de lutte contre le cancer, a-t-il précisé.
L'avenir du site de Montpellier est en revanche en partie décidé : Sanofi souhaite le faire évoluer "progressivement vers un centre stratégique dédié au développement".
Une annonce que les syndicats interprètent comme la fin de l'activité recherche dans cette ville.
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg s'est réjoui de son côté des annonces faites par Sanofi.
"Nous avons prié les dirigeants de Sanofi de réduire encore leur plan qui était de 1.371 postes", a expliqué le ministre. "Je note qu'ils ont suivi les recommandations du gouvernement".
Selon lui, le gouvernement a aussi obtenu de la direction de Sanofi "que la question toulousaine soit sortie et séparée, fasse l'objet d'une discussion dans le cadre d'un groupe de travail" rassemblant gouvernement, élus locaux et syndicats.
Pour le maire de Toulouse, Pierre Cohen (PS), "le maintien du site Sanofi de Toulouse" est "un préalable" pour que le dossier évolue positivement, de même que la reprise du dialogue social avec les salariés.
De son côté, le Parti communiste français a appelé le gouvernement à légiférer "de toute urgence" contre les licenciements dits boursiers.
L'intersyndicale a d'ores et déjà prévu d'organiser une grande journée de mobilisation le 3 octobre à Paris, dont les modalités restent à définir.