Le pétrolier français Total, premier groupe du CAC 40, semble avoir tourné la page de la crise, avec un bond spectaculaire de 72% de ses bénéfices au deuxième trimestre, notamment grâce à la hausse des prix de l'or noir.
Total a toutefois réaffirmé vendredi qu'il maintenait son projet de fermeture de la raffinerie des Flandres. Le projet originel reste inchangé", a déclaré Patrick de la Chevardière, le directeur financier du groupe, au cours d'une conférence téléphonique.
De quoi alimenter la polémique, en plein bras de fer avec les syndicats sur la fermeture programmée de la raffinerie des Flandres.
"Ces résultats confortent notre position sur la raffinerie de Dunkerque, dont la fermeture reste inacceptable dans ce contexte d'énormes profits", a d'ailleurs immédiatement déclaré Charles Foulard, coordinateur CGT du groupe. "Ils sont un encouragement à ne pas baisser la garde", a-t-il ajouté.
Au terme de six mois de grève, les salariés ont repris le travail le 19 juillet, après une décision de la cour d'appel de Douai obligeant Total à redémarrer l'usine, mais sans garantie sur l'avenir réel de leur activité.
En 2008 déjà, le bénéfice de Total avait suscité un vif débat, atténué l'an passé par la chute des profits provoquée par la crise économique.
Mais avec la reprise mondiale, Total peut se targuer, au deuxième trimestre, d'un bénéfice net de 2,96 milliards d'euros, largement supérieur aux prévisions des analystes.
La tendance à la hausse, déjà constatée au cours des trois premiers mois de l'année, s'est en fait renforcée au deuxième trimestre. Entre avril et juin, Total a ainsi de nouveau profité de la remontée du prix du baril de Brent, qui fait référence en Europe, en progression de 32% sur un an à 78,2 dollars.
Il a aussi vu sa production bondir de 8% à 2,359 millions de barils par jour, après une hausse de 4,5% au premier trimestre, "essentiellement portée par les montées en puissance des projets majeurs démarrés en 2009", a précisé Christophe de Margerie, PDG de Total cité dans le communiqué diffusé vendredi.
Le groupe français a également profité de la remontée du dollar.
Conséquence, le groupe "aborde le deuxième semestre 2010 confiant dans ses perspectives et sa stratégie de croissance", a indiqué M. de Margerie.
Ces résultats ont aussitôt été salués par la Bourse de Paris, le titre montant de 1,20% à 38,81 euros, sur un marché en recul de 0,49% peu après 13H30.
Les résultats sont "impressionnants, largement supérieurs aux attentes sur tous les plans, pas seulement dans la production mais aussi dans le raffinage", selon un analyste parisien.
C'est à l'image des résultats déjà publiés par les autres grandes compagnies pétrolières, avec "une très bonne performance dans la distribution, le raffinage et la chimie", selon Aymeric de Villaret, analyste chez Société Générale.
Ces derniers jours, le numéro un mondial, l'américain ExxonMobil, l'anglo-néerlandais Shell, l'hispano-argentin Repsol ou encore le norvégien Statoil avaient eux aussi publié des bénéfices en très nette hausse.
Seul BP est complètement à contre-courant, empêtré dans la marée noire déclenchée dans le Golfe du Mexique.
Pour le pétrolier français, tous les secteurs ont progressé au deuxième trimestre, y compris celui du raffinage, qui avait encore souffert en début d'année.