Le secteur du logement neuf en France s'enfonce, mois après mois, dans la crise, faisant redouter que le nombre des mises en chantier ne tombe à près des 300.000 en 2012, loin de l'objectif de 500.000 par an fixé par le nouveau gouvernement.
"Tous les ressorts sont cassés. Après la promotion privée, c'est la construction de logements locatifs sociaux qui souffre car les agréments donnés par l'Etat dans ce secteur sont en repli par rapport à l'an dernier", constate Michel Mouillart, professeur d'économie à l'université Paris-Ouest et spécialiste du secteur, interrogé par l'AFP.
Les chiffres publiés mardi par le ministère du Logement confirment ceux des mois précédents et ne laissent pas présager une remontée dans les prochains mois.
Les mises en chantier, 115.732 entre mai et juillet 2012, sont en baisse de 12% par rapport à la même période de 2011. Sur l'ensemble de l'année 2012, le total "devrait être de 315.000, voire 310.000", soit une chute de 17% à 18% par rapport à 2011, selon M. Mouillart.
Phénomène aggravant: le pourcentage des mises en chantier par rapport aux permis de construire est tombé d'une moyenne de 80% à 70% pour les sept premiers mois de 2012.
Les raisons sont multiples, selon M. Mouillart: renonciations de ménages qui ont des difficultés à obtenir des prêts à taux zéro (PTZ), abandons de programmes par les promoteurs en raison d'un taux de commercialisation insuffisant et recours de riverains de plus en plus fréquents contre les permis de construire.
"S'il n'y a pas de fortes augmentations de subventions de l'Etat pour les logements sociaux, la récente annonce d'une hausse du plafond du Livret A, qui permet seulement des prêts aux organismes HLM, n'aura pas grande conséquence", affirme-t-il.
Chute des ventes
Autre mauvaise nouvelle: les ventes (près de 20.700) de logements neufs par les promoteurs ont chuté de 13,9% au deuxième trimestre 2012, toujours selon le ministère. Pour l'ensemble du premier semestre, la baisse des ventes est de 13,1% par rapport à la période correspondante de 2011.
Mais les prix continuent d'augmenter: au deuxième trimestre, le prix moyen au mètre carré des logements collectifs neufs affiche une hausse de 2,1% sur un an et de 0,2% dans le secteur individuel, selon le ministère.
"C'est une période de basses eaux", constate, auprès de l'AFP, François Payelle, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).
Les promoteurs, qui ont pu pendant plusieurs années bénéficier du dispositif "Scellier" pour les investisseurs achetant des logements neufs, qui s'achève à la fin de l'année, devraient pouvoir seulement vendre 75.000 logements sur l'ensemble de 2012. Soit une baisse d'un quart par rapport à l'an dernier, très loin des années record 2006 (126.300) et 2007 (127.300).
Ce qui ramènerait le niveau à celui de la crise du début des années 2000 ou à celui de 2008, affectée par les "subprimes".
Pour tenter de relancer le secteur, les promoteurs vont présenter au gouvernement des propositions à leur congrès annuel, à Deauville (Calvados) les 19 et 20 septembre.
Parmi ces propositions figureront, selon M. Payelle, des dispositions pour faire baisser les prix du foncier et des coûts de construction, avec une pause dans l'inflation des normes, et des mesures pour permettre aux investisseurs privés de continuer à investir dans des logements destinés à la location.